Francis Picabia, Hera.
La
fausse simplicité des épigrammes, l’humour ravageur, et la fougue adolescente
d’Oleïnikov, nous rendent cette figure, récente découverte, à jamais sympathique.
Bien qu’il ait combattu courageusement pendant la Guerre Civile au côté des
bolchéviques, descendant de Cosaques du Don, sa fantaisie finit par attirer
l’attention puis la vindicte des staliniens, soupçonneux par nature, et peu
portés sur la satire. Il fut purgé en 1937.
En
traduction libérale, notre credo, le recueil dont ces vers sont tirés pourrait
s’intituler : Au diable la pudeur…
(Vers traduits par TM)
MESSAGE
À UNE ARTISTE DE THÉÂTRE
Privée de vos vêtements et vêtue
Hier soir, je vous ai vue,
Ressentant ce qu’auparavant
Je n’avais jamais ressenti
Sur le système de circulation du sang
Comme un buisson se ramifient
En coup de foudre, volée de moineaux,
Déferlent des sentiments en troupeau.
Aucun doute — aucune rancœur,
Empoisonnant le sang,
Mais jusqu’à la tombe, le malheur
De l’amour indissolublement.
Et encore d’autres sensations,
Dont le nom est la passion !
—Lisa ! Femme de l’art !
Permettez qu’à vos genoux je tombe
hagard !
Nikolaï
Oleïnokov, 1932.
Послание артистке одного из театров
Без одежды
и в одежде
Я вчера Вас увидал,
Ощущая то, что прежде
Никогда не ощущал.
Над системой кровеносной,
Разветвленной, словно куст,
Воробьев молниеносней
Пронеслася стая чувств.
Нет сомнения – не злоба,
Отравляющая кровь,
А несчастная, до гроба
Нерушимая любовь.
И еще другие чувства,
Этим чувствам имя – страсть!
– Лиза! Деятель искусства!
Разрешите к Вам припасть!
1932
Николай Олейников.
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