11.9.21

Terminal-croisière: critiques et recensions du dernier roman de TM.



            Embarquement et commandes au lien suivant (ou en librairie,) Auda Isarn, 12 €, 167 pages et des broquilles:

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Chers lecteurs d’Antifixion,

Ces pages étant destinées, au moins en théorie — outre l'organisation clandestine d’une secte conspirative d’amateurs de poésie russe — à faire la promotion des œuvres de leurs auteurs (en l’occurrence surtout de l’un d’eux : Thierry Marignac. Vincent Deyveaux est toujours vivant, je vous rassure, mais il ne fout rien !… Un recueil de poésie toutes les années bissextiles, et à quoi notre poète maison est-il occupé le reste du temps ?… La Direction des Ressources Humaines compte le convoquer prochainement à ce sujet…), nous aurons l’outrecuidance de vous faire un recueil des plus évocatrices citations des critiques qui ont bien voulu lire mon dernier roman : Terminal-Croisière, chez Auda Isarn. Elles sont illustrées par Placid (https://toutplacid.tumblr.com/), un ami depuis la Révocation de l’Édit de Nantes !…



 

Depuis quelques années déjà, je l’exhortais à utiliser sa connaissance de la capitale de l’Union européenne dans un roman. C’est chose faite, et de façon plus qu’originale, puisque l’intrigue ne se passe ni aux alentours du Parlement ou de la Commission, ni dans ces pubs irlandais ou ces trattorias de luxe où surnagent chargés de communication et trafiquants d’influence, attachés parlementaires et barbouzes – « cette ambiance de sac et de corde ».

    Non, Thierry Marignac nous décrit ce petit monde aussi corrompu que condescendant de façon indirecte, sur un paquebot de luxe et dans des containers de la police des douanes.

Christopher Gérard


Tout tient la route dans la vitesse haletante et la suspension du temps à laquelle se confronte le narrateur, l’auteur et le lecteur découvrant ce livre à couverture de carte postale (au prix d’un livre de poche) en plein milieu de l’été 2021, une « fixion » dont l’action se déroule avant la grande peste comme si le temps avait fait un saut vertigineux, irrémédiable, en nous retranchant de notre propre passé  - autre troublant paradoxe de TC.

Daniel Mallerin




 

            Un roman gris, comme les yeux de Svetlana, comme son pull en cachemire, comme le ciel de pluie, comme le costume des eurocrates... Tant de gris. Le gris serait-il une couleur ? Oui, une couleur multiple, changeante, aux nuances et aux reflets infinis, à l'éclat tour à tour tranchant et sensuel. Si le gris est tout cela, alors Terminal Croisière est à son image.

Velda, le blogdupolar

 

 

     Le jeune policier belge chargé de l’enquête se montre très pugnace, mais saura-t-il dénouer l'affaire à tiroirs qui se présente devant lui ? Thomas Dessaignes restera-t-il amoureusement transi devant le charme slave ? Pour le savoir, il vous faudra lire le dernier roman de Thierry Marignac qui ajoute ici une nouvelle pépite à son œuvre.

Johan Hardoy



 

Roman d’atmosphère maritime (on pense, justement, à À quai), narration subtile qui se joue des temporalités – temps du récit et temps de l’intrigue –, style précis aux métaphores raffinées, on retrouve là toute l’élégante manière de Thierry Marignac.

Arnaud Bordes

 

 

Le traducteur-narrateur est un nouveau personnage dans l’univers du roman policier. Je ne lui connais pas de précédent. Mais dans un monde où la criminalité s’internationalise… Ce type de héros est promis à un grand avenir !

Francis Bergeron

 

Suite logique de L'Icône - narration alternée, histoire d'amour tragique, poésie sensible et visuelle -, Terminal-Croisière mêle tous les thèmes et les obsessions chers à l’auteur avec une habileté et un charme fou.

Benjamin de Surmont




    Une exégèse venue de Russie
Le Rosaire de la fortune 

Notes sur Marignac

 

         J’aurais dû les écrire il y a longtemps, quand j’ai lu le roman. Quand je suis tombée sous son charme, sans comprendre encore les lois présidant à sa création.

 

         Terminal-Croisière peut se traduire en russe de diverses manières. Le terme Terminal des vaisseaux de lignes de croisière est entré dans la nouvelle langue russe post-soviétique.

         Mais il y a encore un élément de férocité, venu de Terminator.

 

         Ainsi, le nouveau roman de Thierry Marignac — auteur aux multiples incarnations — serait classé aujourd’hui comme un journal de voyage, une histoire d’amour avec des éléments de romans policier et comme un roman d’aventures. Et aussi comme intellectuel philologique : parmi les héros apparaît l’ombre non du père d'Hamlet, mais l’ombre du parrain de Pouchkine, le poète Gavril Derjavine bénissant son talent juvénile. TC n’est pas un roman en 3D (très populaire de nos jours). Mais en 4D. Tous ces aspects créent un certain équilibre, des facettes subtiles qui retiennent l’attention du lecteur. D’autre part ces aspects sont les facettes du cristal magique à travers lequel Pouchkine, apercevait l’horizon du roman libre.



 

A.  C. Pouchkine

Evguéni Onéguine

 

Chapitre VIII

 

                  Strophe L

Excuse-moi, mon compagnon inhabituel

Et toi, mon idéal fidèle,

Et toi, mon vivant et permanent

Quoique petit labeur. J’ai su avec vous

Tout ce qui est enviable pour le poète :

L’oubli de la vie et du monde les tempêtes,

La conversation avec des amis doux.

Tant et tant de jours j’ai traversé

Depuis, que Tatiana juvénile

Et avec elle Onéguine dans un rêve indéfini

Me sont apparus en premier —

Et l’horizon d’une romance en liberté

Je n’ai pas à travers un cristal enchanté,

Encore clairement distingué.

(Traduction © TM)

 

Mais Pouchkine et Marignac n’ont pas les mêmes cristaux de clairvoyance : chez le premier il s’agit d’un attribut magique, chez le second une production créative.



 

Le style de Thierry est celui d’une écriture sonore, elle est construite sur une harmonie intérieure, invisible, mais qu’on capte à l’oreille ; ainsi une symphonie ou un morceau d’orgue appelle des images en masse, des instantanés de visions sur l’écran azuré de l’atmosphère ; elle lui donne un volume holographique et lui fournit un espace pour différents effets sonores : les échos pour celui qui survole les labyrinthes, le clapotis des vagues à bord du vaisseau, les voix, les murmures, les cris.

 

Marignac est un compositeur de prose, il s’agit d’une partition littéraire, il faut la traduire comme un livret d’opéra : " à rythme égal" ou, pour parler plus justement, en mesure ou en assonance avec l’original. Sinon l’œuvre ne résonnera pas correctement dans la langue de la traduction. Et tant qu’une telle parenté n’apparaîtra pas chez un traducteur ou une traductrice, on pourra dire que sa prose est intraduisible. C’est-à-dire qu’il ne s’agirait dans ce cas-là  que d’un brouillon, et non d’une œuvre d’art, comme il conviendrait. J’ai découvert le romancier Marignac, en lisant ses œuvres en français.

Margarita Sosnitskaïa, Belle de lettres.

(Traduit par TM)



 

Заметки о Мариньяке

 

Давно надо было их начать записывать, еще когда читала роман. Когда попала под его гипноз, но еще не поняла, по каким законам он создается.

 

«Терминал Круазье» - можно перевести по-разному, там, если опираться на морфологию, несколько смыслов: это и Конечный круиз, и Порт круизов, и Гавань круизов, и еще Терминал круизных лайнеров, т.к. это слово вошло в постсоветский российский новояз. Но есть еще и что-то зловещее от Терминатора.

Итак, данный роман многоликого Тьерри Мариньяка -  сегодня классифицируется как травелог, любовная история с элементами детектива и как приключенческий роман. А еще интеллектуально-филологический: среди героев появляется не тень отца Гамлета, а тень крестного отца Пушкина, благословившего его молодое дарование, - поэта Гавриила Державина. «Терминал круизных лайнеров» - это роман даже не в формате 3D (очень  популярном сегодня), a 4 D. Все эти аспекты создают некое равновесие, тонкую грань, на которой держится внимание читателя. С другой стороны эти аспекты -являются гранями того магического кристалла, сквозь который Пушкин прозревал даль свободного романа.

 



А. С. Пушкин
Роман в стихах
Евгений Онегин

Глава VIII

Строфа L

Прости ж и ты, мой спутник странный,1
И ты, мой верный идеал,2
И ты, живой и постоянный,
Хоть малый труд. Я с вами знал
Все, что завидно для поэта:
Забвенье жизни в бурях света,
Беседу сладкую друзей.
Промчалось много, много дней
С тех пор, как юная Татьяна
И с ней Онегин в смутном сне
Явилися впервые мне —
И даль свободного романа
Я сквозь магический кристалл3
Еще не ясно различал.)

 

 

Но у Пушкина и Мариньяка это разные кристаллы: у первого это атрибут магии, у второго –  произведение его творчества.

 

Стиль Тьерри – это зукопись, она построена на внутренней гармонии, которая невидима, но улавливаема слухом; так симфония или игра на органе вызывает массу образов, картин видений на эфирном экране воздуха; она делает текст объемным, как голограмма и предоставляет ему пространство для разных звуковых эффектов: эха, летящему по лабиринтам, плеска волны о борт судна, голосов, шепотов, крика.

Мариньяк – он композитор прозы, это литературная партитура, переводить ее надо, как оперное либретто: экворитмично или, говоря по-русски, соразмерно и созвучно оригиналу. Иначе произведение не зазвучит на языке перевода. И пока не появится такой конгениальный переводчик/переводчица, его прозу можно назвать непереводимой. Т.е. это будет уровень подстрочника, а не произведения искусства. Я открыла писателя Мариньяка, прочитав его вещь по-французски.

                                                                      Маргарита Сосницкая, Belle de lettres

1.9.21

Chanson de route du bagnard d'Essenine

 La "tristesse envoûtante" d'Essenine rappelle ici les notes de mélancolie cristallines d'Erik Satie, dans ce rythme de métrique décalée…



(Vers traduits du russe par ©Thierry Marignac)

Dans cette contrée, où les jaunes orties

Et les haies desséchées

Orphelines, vers les saules ont logé

Les isbas de bois des taillis

 

Là dans les champs, par-delà les ravines aux bleus fourrés,

Des lacs la verdure,

S’étendait longuement la route ensablée

Vers les monts sibériens d’envergure.

 

Chez le Morde et le Finnois, la Russie se perdait

La peur elle s’en cognait.

Et des gens sur cette route ont progressé,

Des gens, les chaînes aux pieds.



 

C’étaient tous des voleurs et des assassins

Ainsi jugeait le destin.

J’aimais leurs regards attristés

Dans les joues enfoncés.

 

Tant de méchanceté dans la joie chez les tueurs

Simple est leur cœur,

Mais grimacent sur leurs visages noircis

Leur bouches bleuies.

 

Mais un rêve je caresse, le cachant,

De mon cœur la pureté.

Mais un jour quelqu’un je vais égorger

Sous l’automnal sifflement.

Datcha de Staline


 

Et moi, sur la dune battue par les vents

Sur ce terrain sablonneux,

On me mènera la corde au cou enserrant

Du cafard tomber amoureux.

 

Et alors, avec un sourire en passant,

La poitrine redressant,

Me lèche la langue du mauvais temps,

Vécu chemin faisant.

Sergueï Essenine, 1915.

 

В том краюгде желтая крапива"

В том краютде желтая крапива    

И сухой плетень,

Приютились к вербам сиротливо    

Избы деревень


Там в поляхза синей гущей лога,    

В зелени озер,

Пролегла песчаная дорога    

До сибирских гор

 

Затерялась Русь в Мордве и Чуди,    

Нипочем ей страх.

И идут по той дороге люди,    

Люди в кандалах

 

Все они убийцы или воры,    

Как судил им рок.

Полюбил я грустные их взоры    

С впадинами щек

 

Много зла от радости в убийцах,    

Их сердца просты,

Но кривятся в почернелых лицах    

Голубые рты

 

Я одну мечтускрываянежу,    

Что я сердцем чист.

Но и я кого-нибудь зарежу    

Под осенний свист

 

И меня по ветряному свею,    

По тому ль песку,

Поведут с веревкою на шее    

Полюбить тоску

 

И когда с улыбкой мимоходом    

Распрямлю я грудь

Языком залижет непогода    

Прожитой мой путь

 

Сергей Эсенин,1915