16.6.23

La société du commentaire

Cette photo, comme toutes les autres, est de © Jetrho Bare, que nous remercions.
    
    Le tango des imbéciles 
     
    Suite à mon dernier ouvrage journalistique à propos de l’Ukraine, La Guerre avant la guerre, aux éditions Konfident — un terme signifiant « informateur » en tchèque comme je l’ai appris récemment — je me flatte d’avoir fait le tour des sites et plates-formes « complotistes ». Cinq vidéos, d’après mes derniers calculs, et à peu près autant d’articles dans des journaux et revues « suspects ». Était-ce un parti-pris de ma part ? Nullement, très cher, si vous m’invitez, et que je peux dire ce qui me semble juste — je me pointe toutes affaires cessantes. Figaro, L'Opinion, Télérama, LFI, Rouge, L'Humanité, LibéObsInkorrukuptMondéBFM, peu importe, je débarque !… Vous pouvez même lâcher en meute vos pitbulls politcorrects comme il est d’usage dans vos médias avec les gens qui déplaisent. Ils ne m’impressionnent pas. 
    Pour l’essentiel, depuis plus d’un an, dans ce qui passe en haut lieu pour de « l’information » on a eu affaire à une ignorance accablante sur le sujet en question et à un ordre du jour partisan jusqu’à l’absurde. Faut-il rappeler, quitte à s’embourber dans les platitudes, qu’en 2022, des « experts » du Covid, se sont mués du jour au lendemain en « experts » de l’Ukraine ?… Du jamais vu !… Ça ne paie plus, change de braquet !… Fascinant, et très instructif.

 
    À ce navrant tableau d’ignares tenant leurs infos de la presse américaine — dans le meilleur des cas — il faut ajouter un certain nombre de transfuges, plus ou moins mythomanes, dont la participation à la propagande occidentale est le fond de commerce. J’en ai croisé un en Normandie, il y a quelques mois, un James Bond du KGB à multiples cartes de visite ayant changé de camp pour des raisons qui le concernent, prétendant, le jour même où le Pentagone admettait que le sabotage de Nord Stream n’était pas le fait des Russes — le contraire. Ce charlatan savait mieux que le Pentagone !… Sachant que ce charlot avait fait les beaux jours de LCI en 2022, voici ce qu’on propose au bon peuple, en guise « d’information ». 
    Je ne prends pas ça à la légère. Formé à la vieille école, en particulier à Moscou il y a 25 ans auprès des journalistes américains Mark Ames et Matt Taïbbi — ce dernier a connu une certaine notoriété récemment, vu qu’Elon Musk l’a collé sur les Twitter Files où figure en bonne place un certain Hunter Biden— la déontologie m’impose de citer mes sources, de dire de quoi je parle, ce que je sais, pourquoi je le sais et comment. Ce que ne font aucun des sycophantes grassement payés des médias grand public, français, russes, ukrainiens, ou autres. Par ailleurs, il fut un temps —je suis hélas assez vieux pour m’en souvenir — où la presse était réellement un 4e pouvoir. Visiblement, de nos jours, où l’on nous rebat les oreilles de la « démocratie », l’information n’est plus que le jouet du régime, à moins que ce ne soit l’inverse — comme on dit dans la mafia italo-américaine : They’re all in bed together. Quelle « démocratie » sans information crédible, avec des équipes de « journalistes » tâcherons recopieurs de dépêches, voire bobos exprimeurs d'opinions formatées ?… 
    Notre information, disait John Le Carré, est devenue soviétique, l’information d’un Bloc. Sans prendre parti dans la guerre atroce en cours, j’ai raconté l’Ukraine que je connais, contrairement aux charlots. Mais personne n’aime les neutres, disait Mussolini en 1914, encore membre du Parti Socialiste Italien, pour pousser à l’Union Sacrée contre les austro-hongrois et entrer en guerre avec les franco-anglais contre l’Allemagne et ses alliés. J’en subis les conséquences !… À l’heure où l’UE et la Phrance envoient des millions de dollars détournés par la classe dominante ukrainienne — 400 millions de dollars au moins par l‘équipe au pouvoir en Ukraine selon la CIA, d’après Seymour Hersh très récemment — nos impôts, il me semble de la toute première urgence de signaler dans un livre, qu’en Ukraine, telle que je la connais depuis presque vingt ans, il s’agit d’un système de prébendes entre affiliés. Et qu’en est-il de nos classes dirigeantes traitant avec la pègre ?… C’est aussi le sujet de mon livre. Elles ne seraient pas au courant ? Les rétro-commissions d’Avakov par exemple — ex-ministre de l'Intérieur d'Ukraine mis en cause dans la purge de février 2023 — sur les hélicoptères d’Airbus France, connais pas. Dans un fleuron de l’industrie française, disposant de tous les accès aux services de renseignements ?… Tu te paies ma tête ou tu prends le tramway ? Silence radio sur les médias grand public français. On ne va pas cracher dans la soupe, puisque c’est de ça dont il s’agit au bout du compte, chez ceux pour qui le système de la turpitude est une mangeoire. Grand bien leur fasse, la pourriture les rongera d’elle-même, Dorian Gray  d'un "Nouveau Monde" proche des pires cauchemars de l'Ancien.


     Lorsque, grâce à mon ami Mark Ames, j’ai eu un accès direct à Seymour Hersh, il y a très peu de temps, je le questionnais sur ses thèses évoquant la corruption ukrainienne et des implications euro-américaines, notamment pour la revente des armes de l’OTAN dans le monde entier — avec constitution de sociétés-écrans un peu partout sur la planète — soupçons de blanchiment pour le parti Démocrate, voire nos « élites » européennes, il m’a répondu, et j’ai gardé son courriel : « Vous en savez plus que moi sur la corruption en Ukraine, et vous répondre compromettrait ma sécurité. » Dans mon livre, la majorité des sources citées, sont ukrainiennes et antirusses mais pas favorables à l’équipe actuelle, car il y a une opposition en Ukraine jusqu’à maintenant, malgré ce que raconte la doxa euro-américaine, colonialiste. 
     Sur toutes les vidéos, articles et interviews où je vendais ma soupe, tout de même plus vraisemblable que celle des pignoufs qui n’ont jamais foutu les pieds en Ukraine ni en Russie, ne parlent pas les langues, ne connaissent pas les cultures, sont apparus les commentaires des trolls de service. Nous vivons de nos jours dans la civilisation du commentaire. Certains étaient d’une telle longueur, qu’on ne pouvait que se poser la question : qui le paie ?… Comment se fait-il que ce gus ait autant de temps à passer sur mon humble personne ?… On m’accusait, au fil d’une interview récente, d’être marino-poutiniste… Le douteux personnage, caché derrière son anonymat, citait une phrase de mon roman Fasciste, vieux de 35 ans, pour prouver mon allégeance au FN. Comme tant d’autres crétins, la plupart gauchistes, il prenait un roman pour un manifeste, démontrant sa nullité. Nous en sommes là. Amusant du reste, je n’ai jamais milité nulle part, je peux le prouver. Quoi qu’on m’ait accusé d’être un membre encarté du FN, je défie quiconque de retrouver ma carte !… Ma génération, ayant subi le gauchisme des grands frères, qui ont tourné casaque sous nos yeux pour se vendre au PS et à l’affairisme dans les années 1970, ne supportait aucun militantisme de quelque bord qu’il soit… Pour nous, un militant, c’était un curé, de gauche, de droite, quelle importance. Nous préférions Johnny Rotten, nous étions punk — God save the Queen !… She ain’t a human being !… Je n’ai jamais dévié à cette ligne, depuis plus de 40 ans. De même que la canaille subventionnée de tous les bords n’a jamais cessé ses calomnies, et pour cause — l’indépendance est pour elle une menace. Quant au poutinisme, contrairement à ces trolls confortables de l’Occident, j’ai eu sérieusement affaire aux tchékistes en 2001, à l’époque où ils voulaient coffrer mon ami Limonov, dont je ne partageais pas les idées, n’étant pas russe, tout bêtement. Mais c’était mon ami. Et je suis fidèle en amitié. Aucun de ces trolls anti-Poutine, ne s’est jamais tapé ça, ce genre d'entrevue menaçante, guerriers de l’Occident peinards derrière leur écran sans risque. Donc, on m’accuse de tout et du contraire, tandis que je n’ai parlé que de l’Ukraine que je connais, et que les Ukrainiens connaissent encore mieux que moi, j’en ai de nombreux témoignages d’amis fidèles de Kiev et d’ailleurs, peu suspects d'être favorables à Moscou. 
      Personne n’aime les neutres. 
     Thierry Marignac, juin 2023.