26.7.16

Nous irons plus loin sans avancer jamais

©E.Pinaîev

Я иду и птицы поют
И молчат деревьев поэмы
Никакой  не нужен поэт
Совершенно иные проблемы

В сложном щебете мартовских птах
Бродит смерть как последняя лажа
Будет съемка обратная прах
Антиснег крематорская сажа
Сергей Чудаков

(Vers traduit par TM)
Je marche et chantent les oiseaux
Des arbres se taisent les épiques poèmes
Nul poète il ne faut
On a vraiment d’autres problèmes

Dans le gazouillis complexe en mars des volatiles
La mort rôde dernière diffamation
Il y aura un contrechamp  la cendre futile
L'antineige, la suie des crémations.
Sergueï Tchoudakov


19.7.16

Drames du sensible et hasards de la rime

©E. Pinaïev
(…)Ce qui me paraît le plus fort dans tous les arts, c’est le plus complexe. C’est pourquoi, en littérature, je mets la poésie au-dessus de la prose.
         (…) L’inspiration ouvre d’abord le poète avec une telle amplitude qu’il semble que tout l’univers va se précipiter en lui et redevenir chaos… Mais ensuite la nécessité du vers broie ce chaos dans une contraction terrible et le coule dans le moule le plus sévère.
         (…) C’est ainsi que le poète me semble plus haut athlète spirituel que le prosateur. (…) D’abord, il doit être le plus fou, ensuite le plus sage.
         DLR, la poésie au-dessus de tout (In Sur les écrivains, Gallimard)
©E. Pinaïev



Я музу юную, бывало,
Встречал в подлунной стороне
Она из дудочке играла
Я слышал стоя в стороне.

Но вдруг милашку окружали
Как я, такие же юнцы
И грянув хором, заглушали
Мотив прелестны, подлецы.

И думал я : небесный Боже
Узрей сие, помилуй мя,
Ведь мне тобой дарован тоже
Осколок твоего огня,

Дай поорать !
Борис Рыжий, 1998.
©E.Pinaïev


(Vers traduit du russe par TM)
Une juvénile muse, il m'est arrivé
Sur cette face du monde, de croiser
D’une flûte céleste elle jouait
Me tenant à l'écart, je l'écoutais.

Soudain, l’on entoure cette chérie chérie
Comme moi, une bande de jeunes gens.
Ils hurlent en chœur, étouffant
Crapules, la suave mélodie.

Et j’ai pensé : Seigneur des Cieux
Contemple ceci, accède à ma prière
En effet, j’ai reçu de toi, le Père,
Un éclat de ton feu,
Laisse-moi gueuler !
Boris Ryjy, 1998





Ты в первой строчке дальше от терцин
Но во второй конечно ближе
Сонет писал Рембо как сукин сын
И Дюбелле какой–нибудь в Париже
Строчку давайте слог ещё один
Не думая о форме и престиже
Сергей Чудаков.
© E. Pinaïev

(Vers traduits du russe par TM)
À la première ligne,
Du tercet éloigné,
À la seconde, bien sûr, tu t’en rapprochais
Comme un fils de chienne, Rimbaud écrivait un sonnet
Et à Paris, un certain Dubellay
Allez encore une ligne, une syllabe-lige,
Sans se soucier de forme ni de prestige.

Sergueï Tchoudakov

10.7.16

L'automne dada des chagrins d'amour



©Vera Mylnikova, Académie Impériale de création
(…) L'été le plus ardent, le plus serein, finira toujours par se voiler dans la nostalgie de l'automne, et au-delà de l'automne par le désir funéraire de l'hiver qui l'accomplira dans la pacification oublieuse des jours, des limpides nuits sans soleil ni mémoire, tout comme la mort accomplit la vie et l'exalte, quand la vie se soumet amoureusement à elle, sans larmes et sans heurts.
Dominique de Roux (Maison Jaune).


Отцвели георгины
Как-то сразу и вдруг.
Ты проводишь с другим
Свой гражданский досуг

Кофе с водкой бессонно,
В печке танец огня,
Черный блин патефона
Развлекает меня.

Я живу как в гостинице.
Дождь идёт проливной.
Александр Вертинский
Поёт про любовь.

Эта страсть непростительна
И дождём сожжена
Есть одна пластинка –
Тишина. Тишина

И осенней материи
Золотые клоки
Опускаются с дерева
На железо реки.
Сергей Чудаков, 1956. (Колёр Локаль).

(Vers traduits du russe par TM)

Les dahlias ont fané
Brusque et instantané.
Tu passes avec un autre hère
Tes loisirs permissionnaires.

Café-vodka insomniaque
Dans le poêle danse la flamme.
La crêpe noire de l’électrophone craque
Et distrait mon âme.
Alexandre Vertinskii, chanteur, acteur, poète soviétique (1889-1957)


Je vis comme à l’hôtel
La pluie tombe torrentielle.
Alexandre Vertinskii
Chante l’amour lui aussi.

C’est une impardonnable passion
Par la pluie enflammée en cadence
Il n’existe qu’un seul disque au fond
Le silence. Le silence

De l’automne, les matières
Les lambeaux d’or de la lande
Des arbres descendent
Sur le fer de la rivière.
Sergueï Tchoudakov, 1956. (Tiré du recueil Couleur locale).



5.7.16

La Bible des autodidactes


© Evguéni Pinaïev
Comme il est délicat, dans l'univers des GRANDES TÊTES MOLLES, de l'expertocratie diplômée et consacrée sans vergogne, de transmettre, le don miraculeux, celui d'apprendre par soi-même, sans autre bagage que l'acharnement. C'est sans doute une tâche de poète. Remplie ci-dessous par feu Boris Ryjy.

Учил меня, учил, как сочинять
Стихи, сначала было интересно,
Потом изкучило, а он опять:
Да ты дикарь, да ты пришел из леса,
Да ты, туда-сюда, спустился из гор
Я рассердился, кончен разговор,
В речах твоих оттенок нарциссизма
Мерещится мне  с некоторых пор.

Как хорошо, когда ты одинок,
От скуки сочинить десяток срок.
Как много можно легкий матерок!…
А он не матерился – из снобизма.

Борис Рыжий, 1997.

© Evguéni Pinaïev

(Traduit du russe par TM)

Il m'apprit, apprit, comment composer,
Des vers, au début, ça m'a intéressé,
Après c'était chiant, mais il recommençait:
T'es un sauvage, venu des forêts,
Descendu des montagnes tu allais et venais.
Je m'énervais, dialogue fini, mutisme,
Dans tes discours, une nuance de narcissisme
Depuis un certain temps m'apparaît.

Comme il est bon, quand on est solitaire,
Que l'ennui nous inspire des dizaines de strophes
Comme quelques grossièretés, tant de trucs nous éclairent
Mais il ne jurait pas, le snobisme des profs.

Boris Ryjy, 1997