30.1.12
Catalogne
Ne te mens pas :
Le monastère haut-perché, bien..
Et le port, restaurant
Chaloupe et chat d'eau,
Serveuse arabe, soupe
Les retraités du premier mai.
V.Deyveaux, 2012
publié dans coaltar, janv.12
29.1.12
Sommeil parasité
«Было так — я любил и страдал»
(муз. и сл. В. Высоцкий)
Было так — я любил и страдал,
Было так — я о ней лишь мечтал,
Я ее видел тайно во сне —
Амазонкой на белом коне
Что мне была вся мудрость скучных книг,
Когда к следам ее губами мог припасть я?
Что с вами было, королева грёз моих?
Что с вами стало, моё призрачное счастье?
Наши души купались в весне,
Плыли головы наши в огне,
И печаль с ней, и боль — далеки!
И, казалось, не будет тоски!
Ну, а теперь — хоть саван ей готовь,
Смеюсь сквозь слезы я и плачу без причины,
Ей вечным холодом и льдом сковало кровь
От страха жить и от предчувствия кончины…
Понял я, больше песен не петь,
Понял я, больше снов не смотреть,
Дни тянулись с ней нитями лжи,
С нею были одни миражи…
Я жгу остатки праздничных одежд,
Я струны рву, освобождаясь от дурмана,
Мне не служить рабом у призрачных надежд,
Не поклоняться больше идолам обмана!
Мне не служить рабом у призрачных надежд,
Не поклоняться больше идолам обмана…
« Ce fut
ainsi — j’aimais, je souffrais… »
Paroles et
musique V. Vissotski
(Traduit du russe par TM)
Ce fut ainsi — j’aimais, je
souffrais
Ce fut ainsi — à nulle autre
qu’elle, je ne songeais.
De secrètes visions d’elle,
sommeil parasité
Amazone sur son blanc destrier.
Toute la sagesse d’ennui des
livres, que m’importait,
Si l’empreinte de ses pas j'embrassais !
Qu’en était-il de vous, la
reine de mes revenants ?
Et qu’advint-il de vous, mon
spectral enchantement ?
Nos âmes baignaient dans le
printemps,
Nos têtes emportées par le feu.
Mélancolie, douleur, avec elle,
lointains, distants,
Le cafard n’aurait plus jamais
lieu.
Et à présent — bien que son
linceul soit tissé —
Je ris malgré mes larmes et
pleure absurdement.
Le froid, le gel, votre sang
ont verglassé
De la peur de vivre, de la fin,
le pressentiment.
J’ai compris — ne plus entonner
de chansons,
J’ai compris — ne plus
contempler les visions.
De mensonge avec elle, les
jours étaient tissage,
Avec elle, tout n’était que
mirage.
Je brûle les vestiges de mes
festifs vêtements,
Je casse les cordes, de
l’hypnose m’arrachant.
Je ne servirai plus d’esclave aux
espérances fumeuses,
Je ne m’inclinerai plus devant
l’idole trompeuse.
27.1.12
Drogues-Actualités : Retour sur Speedy Gonzalez, "Vint" et "Milieu Hostile"
Reparlons des Droits de l'Homme |
FANTASIA CHEZ LES PISTOLEROS
On a beau râler que le monde moderne est
d’une platitude à pleurer d’ennui — à vous faire intégrer un réseau social — l’actualité en réserve
parfois de bien bonnes :
Les mésaventures de ces kilos de coke auraient fourni une intrigue en or à Donald Westlake !… On rêve (peu charitablement) d’en connaître un jour les tenants (envoyeur) et aboutissants (destinataire). On imagine sans peine la conversation Speedy Gonzalez qui a dû avoir lieu chez les uns et les autres :
—José, tou né fé que
des connéries !… Zé t’avais pourtant dit de freiner sour la
sniffetta !…
—Mais, Jefe, l’adresse, elle était pas
bien lisible !…
Or, comme nous le faisait remarquer ce matin, JF Merle,
estimable éditeur chez Omnibus, dans
les milieux incriminés (et incriminables), le DRH s’appelle Matador, et l’avis de licenciement, c’est du 11,43.
Cette
affaire a toutefois le mérite (outre l’aspect Comedia dell’arte) de rappeler la banalisation du trafic, la
généralisation de l’usage, et l’absurdité de la prohibition, certainement soutenue par les lobbys narcos, comme
celle de l’alcool l’était par les sbires d’Al Capone. Comme le soulignait
Charles Bowden, auteur de l’excellent Down
by the River, Drugs, Murder, and Family (enquête de longue haleine sur
les cartels mexicains frontaliers des États-Unis) :
« La manufacture des drogues est une
des plus grosses industries du monde qui existe pour deux raisons : ses
produits sont excellents, et ses bénéfices sont prodigieux. Aucun État ne
mettra fin à une production désirée par des millions de gens, générant annuellement
des centaines de milliards de dollars ».
Et
moins encore, pourrait-on ajouter, à une époque où l’argent devenu virtuel est
confisqué par l’Hyperclasse — le seul argent à circuler, c’est l’argent sale. C’est aussi — à l’heure de la reféodalisation de la planète par
l’Empire du Management, pour paraphraser Pierre Legendre, l'un des très rares philosophes contemporains dignes de ce nom, dans La Fabrique de l’homme occidental — une
manière de criminaliser une bonne partie du globe terrestre. Foin des Droits de
l’Homme aussi encombrants et désuets que l’État-Providence — bien que
cosmétiques — on veut des serfs marqués de l’opprobre toxico, nouvelle chair à
canon de l’Ère de l’information.
PHARMACOPÉE
SANS FRONTIÈRES
Une
autre information valant son pesant de cacahuètes, et, hasard objectif, la même semaine, ébouriffait le monde médical,
soucieux de restaurer sa « vertu », après les grippe porcine,
anthrax, mediator, implants PIP, on en oublie, tellement ça s’accumule. Mais
redorer son blason en criant haro sur le drogué, c’est, comment dirais-je, « électoral »
:
Empruntant
le vocabulaire atlantiste des agences de notation (entreprendre le lexique de
ce langage de la domination serait une tâche surhumaine), les autorités
médicales plaçaient le Tramadol sous surveillance négative. Celle-ci se
révélait non moins tragi-comique pour votre serviteur. En effet, dans Vint, le Roman noir des drogues en Ukraine
(Payot, Documents, 2006, épuisé),
j’avais relevé les circonstances dans lesquelles le Tramadol, alors virtuellement
inconnu en Europe occidentale, était utilisé par les toxicos d’Ukraine,
privés de leurs poisons favoris par… la Révolution Orange — à l’heure où le
pays était dans le collimateur des journalistes étrangers, les drogues, dont le
trafic implique tout le monde et en premier lieu les autorités locales, ne circulaient
plus. Certes, ce livre, à une époque où l’Est n’intéressait pas encore grand
monde, fut un four, à peu d’exceptions près — la plus notable étant la Croix-Rouge
française qui finança à la suite de cet ouvrage, l’organisation Club Narcotiques anonymes de Kiev avec
laquelle j’avais mené mon enquête. Néanmoins, on eut pu s’attendre à
plus d’attention et de curiosité de la part des organismes chargés de la
gestion de nos vies d’esclaves dans ses détails les plus intimes. Ou bien, —
comme je le remarquais dans le roman Milieu
hostile (Baleine, 2011) qui revenait sur le terrain ukrainien des drogues —
des intérêts supérieurs, financiers, européens, pharmaceutiques étaient en jeu.
La Théorie du complot diront les
bien-pensants (un autre terme du lexique dominant, qui prétend supprimer le
complot en accusant celui dont les yeux se dessillent de paranoïa — l’opprobre,
toujours l’opprobre : drogué, fou, idéaliste). Peut-être, mais en
attendant, il s’est fourgué un max de Tramadol,
jusqu’au prochain substitut sur lequel on fermera les yeux le temps d’assurer
sa rentabilité. Il est notable, du reste, qu’une bonne partie du marché des
drogues de rue est désormais consacré à la revente de médicaments. Il suffit de
passer au métro Château-Sub (utex) un
jour de semaine à l’heure de pointe, pour s’en assurer. Quelle part d’hypocrisie,
et de concurrence entre les fabricants des drogues « légales »,
bénéficiant de ce commerce souterrain, et les fabricants de drogues « illégales »,
entre en jeu, le verdict appartient au lecteur.
La
seule certitude, c’est que depuis toujours l’humanité s’est servie de drogues
pour altérer sa perception et en tirer du plaisir, et que la répression n’y a
jamais rien changé, entretenant au contraire tant la pègre et ses investissements dans la société civile — que les organes
chargés de la répression des stupéfiants, la magistrature, la défense légale, l'administration pénitentiaire (aujourd'hui en partie privatisée), la nomenklatura médicale, etc.
Thierry Marignac, 2012
Thierry Marignac, 2012
26.1.12
Hors du lit
Endormi hors du lit
pendant les heures de soleil
La sonnerie dans le dédale
la voix cryptée c'est lui
inaudible métal
- C'est toi ?
Il est à la montagne
l'eau manque
et la récession
avec précision
Marchent les choses
malheur est bon
manger moins
manger
J'ai menti un peu, le jet meut le pis
tant mieux je pige et je m'étends au pieu
..reviens vers Billie
me prépare un thé
le temps du gravier
manger des grives
épilogue:
Les jeunes gens fuient au centre du labyrinthe
V.Deyveaux,2012publié dans coaltar, janv.12
23.1.12
Le plus punk des auteurs russes
RETOURÀ LA CASE DÉPART DEVLADIMIR KOZLOV
Au registre des rencontres littéraires (Le chic, que c’estchic !), Vladimir Kozlov figure parmi les quelques miracles de ma« carrière » de traducteur. Tombé par un hasard objectif sur son Gopnicki(« Racailles », traduit par votre serviteur, éditions Moisson Rouge, 2010), séduit par lacouverture où un skin-head bas du front figurait sur fond de toilettespubliques, le mégot au bec, l’œil bleu cobalt sans nuance. En réalité, je nedécouvris cet auteur que trois ans plus tard, dans un ghetto américain puisqueje traînais son bouquin dans tous mes déplacements sans le lire, et qu’étouffépar la Ville Noire, je cherchais l’exotisme russe, j’ouvris la première page.Pour retomber sur mes pattes : abstraction faite de la couleur de peau, etde l’omniprésence du dollar, remplacé par la rhétorique communiste, l’universdécrit était en tous points comparable à celui au sein duquel je jouais lesgrands sorciers blancs. Jusque dans le dispositif linguistique : unvocabulaire de trois cents mots à tout casser, dont la poésie jouait sur desvariations infimes, et lourdes de conséquences. Quatre ou cinqpossibilités : se saouler, se castagner, se défoncer, baiser, racketterles plus faibles (pas forcément dans cet ordre). La vie à bout portant, comme le précisa Gérard Guégan dans sachronique du livre à Sud-Ouest.
Pour Retour à la casedépart (Encore traduit par TM, Moisson Rouge, en librairie le 9 février, que les lecteurs veuillent bien excuser mon erreur d'hier) le problème est un peu pluscompliqué : il s’agit du même cul-de-sac, mais après la Pérestroïka, après l’adolescence — lesenjeux sont plus lourds, les crimes plus sanglants. Le narrateur pourrait êtrele cousin ou le frère de celui de Racailles.D’abord entraîné dans le maelstrom infernal de délinquance des années Yeltsine(on ne perd pas une guerre, même froide, sans en payer le prix), racket vodka,avant d’être bandit de grand chemin entre Biélorussie et Pologne, il se rachèteune conduite, rentré chez lui de justesse et devient rédacteur d’un Mnogotirajniy, la presse industrielle,pour assister à la saisie des ressources par la pègre (l’histoire russe desannées 1990) dans l’usine dont il rédige le périodique. Comme tout un chacundans ces latitudes sans merci, il finit par traiter, passer un marché (enlangage atlantiste : dealer)avec le monstre, qui prend bientôt le pouvoir en ville, s’emparant de lamairie. Personne n’est innocent, et notre narrateur non plus qui survit commeil peut. Obsédé de rock, de punk, il devient attaché culturel du maire et nepeut s’empêcher de mijoter un coup à la SexPistols, pour détourner des ressources qui appartiennent désormais à cetaccouplement hideux du pouvoir et du milieu. Il doit fuir. On le trouve enTchéquie, barman, loin des remugles de sa terre natale. Un jour, un envoyé deRussie le retrouve et son odyssée vers une apothéose finale au pays commence…
Ces fils narratifs sont entrelacés parallèlement, et c’estpetit à petit que l’histoire maudite du narrateur se fait jour. Entremaillés d’aperçusvivifiants sur la Tchéquie post-soviet, sur les touristes russes, où Kozlovdévoile une fois de plus son intelligence géopolitique, son refus total de parti-pris,son absence de banderoles, en un mot son honnêteté, son rejet absolu de labestialité des propagandes. Ce deuxième opus me le confirma, en Kozlov, outreles affinités slavophiles, j’avais trouvé un frangin, un sans-parti, un mecintègre, et, je le dirai avec une pointe d’envie, plus taciturne que moi encoredans sa révolte impassible.
Thierry Marignac, Janvier 2012.
2.1.12
Bombe à hydrogène
Volodiya Moisseev ( Club Narcotiques Anonymes de Kiev) présente ses vœux 2012 |
Laforme passive
(Vers de Sergueï Tchoudakov, traduits par TM)
Camarade enchristé pour contrefaçon.
Mais le regret serait sans raison :
La faute est toute à la forme passive
Et la conjugaison subjonctive.
Voici « Moby Dick ». Il a un sens profond.
C’est un crime de ce livreendurer la privation.
Il ne coûte qu’un rouble — passive caution,
Un rouble — subjonctive conjugaison.
Il ne faut pas dire : le premier ministre est cruel
Il est doux, mais féroce est le réel.
Un style à la mode — Passive inclinaison
Et subjonctive conjugaison.
La bataille de bombes H ne saurait tarder.
À l’heure de pulvérisation généralisée
La forme passive nous pend au nez
Sans le moindre subjonctif conjugué.
SergueïTchoudakov.
Прятеля сажают на подлог
Но было бы неверным сожаленье :
Всему виной – страдательный залог
И сослагательное наклоненье.
Вот " Моби Дик". и смысл его глубок
Утрата этой книжки –– преступление
И стоит рубль – страдательный залог
Рубль сослагательное наклоненье.
Нельзя сказать, что наш премьер жесток
Он кроток, но свивепо исполненье
Стал моден стиль – страдательный залог
И сослагательное наклоненье.
Но водородной схватки близок срок
И в час всеобшего испепеленья
Нам предстоит страдательный залог
Без сослогательного наклоненья
С Чудакова
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