23.2.16

Les gros titres de la presse mondiale

Aujourd'hui, parution en librairie de Cargo sobre, aux éditions Vagabonde:

Le journal de voyage et de désintoxication (encore!…) à bord d'un porte-conteneur de TM, a 

vu le jour aujourd'hui, sur la table des libraires (les meilleurs), un mois jour pour jour (ou 

presque) après le 

roman Morphine Monojet, aux éditions du Rocher. Écrit dans les 13 jours de la 

traversée (Fos-sur-Mer — New York). Déjà salué par l'ami Quadruppani sur son blog " Les 

Contrées magnifiques" et sur 

le 

blogdupolar de Velda. Ainsi que, tout récemment, sur Archaion hautetfort, du toujours 

excellent Chistopher Gérard.




L'auteur, à quai, un jour d'hiver, photo  ©Hannah Assouline



Pour fêter ça, deux aphorismes en plein dans le sujet, tout d'abord, Le Credo du désengagé :

"La littérature, contrairement à la guerre selon Clausewitz, n'est pas une façon de continuer la 

politique par d'autres moyens, mais une façon de la discontinuer".


Ensuite, une phrase sans appel par sa simplicité déconcertante du dadaïste Francis Picabia, 

écrite à l'époque où il était recherché et par les Allemands, et par la Résistance (1944):

"Je conseille aux idées élevées de se munir de parachutes".





17.2.16

Le poète ne dit rien sur les funérailles de Staline

Kropivnitski fut un de ces maîtres légendaires dont on n'entend parler qu’à titre posthume. Kira Sapguir, dans nos pages d’Antifixion, a décrit  le vieux sage qu’il était probablement, traversant le stalinisme et ses suites, sans jamais se soucier d’autre chose que de l’art. Il en subit les conséquences. Mais rien ne lui importait, semble-t-il, que « l’art pour l’art », à rebours du dogme de fer  qui corsetait son époque. De nombreux poètes, peintres et écrivains, s’abreuvèrent à sa source. 
Mon ami Limonov lui rendit visite dans son humble isba provinciale il y a des décennies, très jeune poète à l’époque, déjà brouillé avec la "dissidence" — un peu comme Allen Ginsberg préféra, comme il me le confia peu avant sa mort, aller « apprendre auprès du vieux maître Ezra Pound », plutôt que de faire le révolutionnaire à la Convention Démocrate de Chicago, en 1968, un événement marqué d’émeutes, et entré dans l’Histoire. Le poème ci-dessous, écrit à l'époque de la mort de Staline, n'y fait même pas allusion, alors qu'il en est imbibé. Kropivnitski était au-dessus de ça, bien qu'il ait sa façon de dire que même les dictateurs sont mortels.


(Vers traduits par TM)
Violoniste
C’est au crématorium que je jouais
Au violon de funèbres morceaux.
Et quelque part quelqu’un mourait…
Le mort gît dans cette tombe, blanchis sont ses os.

Voici la tombe, le défunt…Chorale retentis
De messes requiem sans merci…
Je jouais et m’affaiblissais
Devant des suaires abaissés et secrets.


J’ai joué et joué, pendant des années.
Et à présent je suis vieux et grisonnant
Moi-même proche de l’agonisant…

Mais le talent de soliste me fut donné…
Retentis l’orchestre, retentis l’orgue,
Retentissez sanglots, à la morgue !
Evguéni Kropivnitski, mars 1953







Скрипач
Я в крематории играл
На скрипке траурные пьесы
А где-то кто-то помирал…
Вот гроб, а в нем мертвец белесый

Вот гроб, мертвец… звучи хорал
Заупокойной жуткой мессы…
Я играл и обмирал
Пред тайной спущенной завесы.

Играл я много, много лет.
И вот теперь я стар и сед,
Сам близок к умиранию…

Но мне талант солиста дан…
Звучи оркестр, звучи орган,
Звучите вы – рыдания !
Евгений Кропивницкий

6 марта 1953