2.9.19

L'icône de Thierry Marignac à paraître le 4.09.2019





Roman

L'ami Pierre-François Moreau nous a fait l'honneur 

d'un compte-rendu 

du roman l'Icône. 

Nous avions parlé récemment  de son excellent roman White Spirit aux éditions de la Manufacture des livres.

La librairie du Globe nous fait l'honneur de nous accueillir pour une signature le 05-09-2019.

Sur les plaies du monde, 

la bannière d’un irréductible
 

Les visiteurs du blog, même irréguliers, connaissent diverses passions de Thierry Marignac : les langues d’abord (français, anglais, russe) ; la boisson ; les bars mal famés, entrées étroites et ampoules malingres, de préférence le long de voies en pente, ou au-delà de la 145e rue ; la pègre, cupide, veule, violente, bornée, en général incarnée par des gueules cassées en cravate et costumes à fines rayures ; la conspiration – de quartier ou internationale –, nécessitant un pacificateur véreux, ou un traducteur intègre ; l’Atlantique aux teintes changeantes, tantôt cuivrés, tantôt d’étain ; la chute des Empires, prévisible, irréversible, sauvage, sur le cadavre desquels se ruent des dépeceurs au téléphone dernier cri ; le quart-monde, chaleureux et méchant, vivant sur les limites, qu’elles soient celles du cadastre, ou des drogues dures, mais qui sait se réconcilier autour d’un match de boxe, un tonneau de Budweiser, du poulet grillé peu ragoûtant ; les amitiés inattendues avec un tortionnaire repenti, sinon une mama bousculée de Harlem, une babouchka estonienne, un libraire de sous-sol rescapé de la Révolution culturelle chinoise, ou un leader, fiévreux, pugnace, montagne impressionnante antitotalitaire, mais souffrant de l’estomac ; les soirées ploucs où on se rend par obligation, rarement par intérêt, forcément interminables, dansantes, chaotiques, mais d’où peut jaillir une beauté imprévisible, avant de s’achever en eau de boudin ; les membres des services secrets, en appâteurs retors, ou en soldats perdus ; la poésie d’Essenine, de Tchoubakov, et des muses à la vie scandaleuse, dont on ne se remet jamais…
Les plus rompus auront compris. L’Icône, son dernier roman, est un helter-skelter littéraire, une attraction de fête foraine anglaise, qui tourne et retourne. Au sommet de laquelle flotte la bannière d’un irréductible. De là-haut, on aperçoit les deux rives de l’océan, New York, Dublin, Londres, Paris, Kiev… Un condensé sur trois décennies, où l’Histoire fait son lit, et que les amours froissent. Entre une femme qui échappe, et une autre qui retient.
Le style d’une netteté inspirée jette des éclats intenses sur ces passions multiples. On peut reconnaître dans les figures, les digressions, ce qui a fait le jus de : À Quai, Renegate boxing club, Morphine monojet, ou Cargo sobre… Sans doute, un cran plus haut de maturité. Je le dis d’autant que je connais TM depuis… J’y suis même, au coin d’un arrière-plan, par truchement, au détour d’un paragraphe qui cite Brejnev rap, un 45 tours que j’avais ramené de Berlin, après un reportage en 1984… De même, on peut repérer l’ombre portée d’Édouard Limonov, qui passe sans coup férir au fil d’un dialogue du livre, entre le héros incrédule et un producteur, plus cocaïné que fiable. Private joke, comme on dit.
 Pierre-François Moreau
 Thierry Marignac, L’Icône, éditions Les Arènes, 258 pages, 12,90€