©E. Pinaïev |
(…)Ce qui me paraît le plus fort dans tous
les arts, c’est le plus complexe. C’est pourquoi, en littérature, je mets la
poésie au-dessus de la prose.
(…) L’inspiration ouvre d’abord le
poète avec une telle amplitude qu’il semble que tout l’univers va se précipiter
en lui et redevenir chaos… Mais ensuite la nécessité du vers broie ce chaos
dans une contraction terrible et le coule dans le moule le plus sévère.
(…) C’est ainsi que le poète me semble
plus haut athlète spirituel que le prosateur. (…) D’abord, il doit être le plus
fou, ensuite le plus sage.
DLR,
la poésie au-dessus de tout (In Sur les écrivains, Gallimard)
©E. Pinaïev |
Я
музу юную, бывало,
Встречал
в подлунной стороне
Она
из дудочке играла
Я
слышал стоя в стороне.
Но
вдруг милашку окружали
Как
я, такие же юнцы
И
грянув хором, заглушали
Мотив
прелестны, подлецы.
И
думал я : небесный Боже
Узрей
сие, помилуй мя,
Ведь
мне тобой дарован тоже
Осколок
твоего огня,
Дай
поорать !
Борис Рыжий, 1998.
©E.Pinaïev |
(Vers
traduit du russe par TM)
Une
juvénile muse, il m'est arrivé
Sur
cette face du monde, de croiser
D’une
flûte céleste elle jouait
Me tenant
à l'écart, je l'écoutais.
Soudain,
l’on entoure cette chérie chérie
Comme
moi, une bande de jeunes gens.
Ils
hurlent en chœur, étouffant
Crapules,
la suave mélodie.
Et j’ai
pensé : Seigneur des Cieux
Contemple
ceci, accède à ma prière
En
effet, j’ai reçu de toi, le Père,
Un
éclat de ton feu,
Laisse-moi
gueuler !
Boris Ryjy, 1998
Ты
в первой строчке дальше от терцин
Но
во второй конечно ближе
Сонет
писал Рембо как сукин сын
И
Дюбелле какой–нибудь в Париже
Строчку
давайте слог ещё один
Не
думая о форме и престиже
Сергей Чудаков.
(Vers
traduits du russe par TM)
À la
première ligne,
Du
tercet éloigné,
À la
seconde, bien sûr, tu t’en rapprochais
Comme
un fils de chienne, Rimbaud écrivait un sonnet
Et à
Paris, un certain Dubellay
Allez
encore une ligne, une syllabe-lige,
Sans se
soucier de forme ni de prestige.
Sergueï Tchoudakov