Sang Futur, dans la réédition Moisson Rouge, 2008. |
La dernière parution du vieux maître Kriss Vilà, le plus professionnels des écrivains professionnels et j'en connais des wagons, est : MurderProd, Trash éditions, 2014.
Kriss m'a fait l'honneur du commentaire ci-dessous, pour Fasciste:
Fasciste, Presses-Pocket, 1989. |
En
cette fin des années 80, les déjà vieilles gloires du néo-polar renonçaient au
noir pour lorgner sur la Blanche. Tout allait pour le mieux dans le petit monde
des bien-pensants jusqu’à ce que le titre d’un livre les fasse bondir. Un
inconnu nommé Thierry Marignac publiait
son premier roman qu’il osait intituler Fasciste. Titre scandaleux aux yeux des maîtres à panser
germanopratins ! Il est amusant de constater que, un quart de siècle plus
tard, ceux-là ne se sont toujours pas remis de leur traumatisme… Mais « You can’t judge a book by looking at the
cover », chantait Bo Diddley. Il y a donc tout lieu de penser que les
contempteurs de Fasciste n’ont pas
dépassé la lecture du titre – ou alors, c’est qu’ils n’ont rien compris au
rock’n’roll.
N’ayant
pas relu Fasciste depuis sa parution,
je me demandais comment le texte avait vieilli. « Je ne désire pas de
gloire. Je veux entendre battre mon sang. C’est tout. » Bonne nouvelle, le
sang y bat toujours. Le personnage principal a conservé tout son romantisme
noir et ses acolytes Phong et Kriss suscitent toujours la sympathie d’un
affreux anarchiste révolutionnaire dans mon genre. Une réplique du dernier
nommé donne une clé de déchiffrage indispensable à la compréhension du
roman : « Un peu moins d’ironie, et tu serais
national-socialiste. » Sauf que, justement, cette ironie est une véritable
constante, aussi bien chez le bonhomme que dans son roman. Pour s’en persuader,
il n’est qu’à lire comment y sont décrits les bas du Front. Cataloguer Fasciste comme exprimant une pensée
d’extrême droite est donc une absurdité ; il est tout sauf xénophobe, tout
sauf racorni. Il est même brillant à plus d’un titre, riche de fulgurations qui
avec le recul lui donnent des allures de littérature conjecturale.
Kriss Vilà