L'ami Doubschine, dont il a été question il y a peu, vit dans un quartier éloigné de la périphérie de Moscou avec sa femme et sa fille. Réalisateur de documentaires, il est aussi poète à ses heures perdues, et me décrivait les quelques vers qui suivent comme des "impressions d'un quartier bariolé" où se mêlent les Russes et les immigrants venus d'Orient, d'Asie Centrale la plupart du temps, et parfois de plus loin encore…
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Un hindou marche dehors, la
tête dans un turban
Le pas chaloupé, la démarche
peu banale
Comme s’il était non pas Hindou
mais matelot dérivant
Et pesait sur ses épaules toute
l’école navale
Faudrait dormir, mais
bouillonne mon esprit
Tourmenté, comment pourrait-il
en être autrement ?
À l’aube, l’homme dort
profondément
Fréquemment il pleure, s’il est
pris d’insomnie
Je me frotte les yeux d’un
rideau de crasse
Puisque mon niveau de culture
est minimal
J’éprouve pour vous un mépris de classe
Comme si je présidais un
tribunal
Je charge mon mousqueton de
mélancolie
Aux cartouches je mélange des
confettis
Puisque je ne regrette rien du
passé
De baies multicolores je vais
nourrir l’été.
Danil
Doubschine, 2013.
По двору в
чалме идёт индус
у него
престранная походка
Будто не индус
он, а матрос,
Словно за
плечами мореходка
Надо спать, но разум мой кипит
возмущенный, ну
а как иначе?
Человек под
утро крепко спит
А если не спит
- то чаще плачет
Вытираю занавеской глаз
оттого во мне
культуры мало
что я презираю
вас как класс,
словно
председатель трибунала
Заряжу печаль свою в пищаль
С конфетти
заряд перемешаю
Оттого, что
прошлого не жаль
Я рябиной летом угощаю.
Даниль Дубшин, 2013.