La Reine ANNE
La poésie d’Anna Arkatova, d’une facture extrêmement contemporaine, présente ses difficultés particulières au traducteur et, je requiers l’indulgence du jury, il ne s’agit ci-dessous que de mes premières tentatives de « chevaucher le tigre » comme disait le sulfureux Julius Evola — que je ne cite ici que parce que la métaphore est adéquate, sans compter que tirer la bourre à la politcorrectitude de temps en temps est un loisir de gentleman, comme disait Édouard Limonov, lui-même mal vu chez la valetaille dominante. La poétesse A.A. possède ses qualités propres de « poésie objective », dues à son souci forcené d’éviter tout pathos. Le cliché a chez elle une fonction rythmique-métrique dont elle a un sens remarquable, quasi « dadaïste ». Elle n’était pas tout à fait d’accord avec cette analyse, de même que si de mon point de vue les vers ci-dessous évoquaient la mort, elle s’insurgeait !… Il s’agissait selon elle des souffrances de la vie… (Vers traduits du russe par Thierry Marignac ©) Les vaisseaux dans la tourmente ont péri Il est dangereux de suivre la voie stellaire Le tablier blanc de l’uniforme scolaire N’a nullement été sali Tout sans retour s’est abîmé A la guerre comme à la guerre Deux manchettes proprement enserrent Sur moi tendrement vont briller La prise par terre étincelle Les décharges se concentrent au ciel Sous la bride, le chariot court à fond Le vieux et son navet planter dans le sillon L’apparence extérieure et la discipline Depuis la nuit, le porte-document rempli Un dur matelas de plumes est la vie La mort un lit d’une douceur divine ** корабли погибли в шторме за звездой опасен путь белый фартук в школьной форме не испачкался ничуть все пропало без возврата на войне как на войне два манжета аккуратных нежно светятся на мне на полу искрит розетка в небе копится разряд под рукой бежит каретка дедку с репкой ставит в ряд внешний вид и дисциплина с ночи собранный портфель жизни жесткая перина смерти мягкая постель
Élégie intime en s’endormant C’est pour toujours souviens t’en, Transmets au cercle de tes descendants, Que c’est l’audace qui conquiert les cités, Que plus jamais tu ne seras Ni bruyante ni émaciée. Manger des biscuits et du levain, tu pourras Ils entreront en toi, comme tout ce qui est vivant, Et recouvriront exactement Tout ce que comme femme égérie Tu as appris. Mais plus loin de l’isolation thermique les thèmes Mais plus loin de l’isolation sonore les thèmes Poursuivre l’itinéraire plus jamais tu ne pourras Tant que tu es ici-bas ton cauchemar durcira Devant l’extrémité privée et le commun tranchant Et l’intérieur réchauffement. Je veux devant le miroir demander Comment on peut simplement se dresser Ni reflétant, ni exprimant Demander simplement. Après je veux parcourir, comme une thérapie, Les soudains rapides caressants, Là où je me dresse encore amincie, Avec moi-même, guerroyant, bataillant. Anna Arkatova. Интимная элегия на отход ко сну Запомни это раз и навсегда, по кругу передай своим потомкам, что смелость покоряет города, а ты уже не будешь никогда худой и звонкой. Ты можешь есть бисквит и дрожжевое, они войдут в тебя как все живое и лягут аккуратным одеялом на все что ты как женщина узнала. Но дальше темы теплоизоляций, но дальше темы звукопоглощений тебе уже не проложить маршрут - пока ты тут твой ужас будет крут пред общим острием и частным краем и внутренне подогреваем. Хочу у зеркала спросить, как можно просто так висеть - не отражаясь не выражаясь просто спросить. Потом хочу пройтись как терапия, скоропостижным ласковым рапидом, туда где я стою еще стройна сама с собою битва и война. Анна Аркатова. |