Tatares devant Moscou |
Le
poids mort de l’énergie consumée ralentissait certes un corps affaibli, quoique encore vigoureux —
avoir aimé comme un incendie de forêt, haï comme une invasion de Tatares,
méprisé à perdre haleine, tapé comme un sourd, encaissé comme un abruti, bu
comme un trou, et fumé comme un sapeur. Pour en arriver là : ni fait, ni à
faire, il était trop tard. Cependant, il avait eu si longtemps l’impression
qu’il était trop tôt, dans tant d’entreprises et d’amours inabouties, qu’il ne
parvenait pas à discerner l’instant où il avait franchi le cap du prématuré au
périmé. Il sourit dans les embruns : le mystère-crève-les-yeux de toute
existence s’effilochait au rythme de son pas, assez lent, comme toujours.
TM, 2014, extrait, inédit.