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19.7.16

Drames du sensible et hasards de la rime

©E. Pinaïev
(…)Ce qui me paraît le plus fort dans tous les arts, c’est le plus complexe. C’est pourquoi, en littérature, je mets la poésie au-dessus de la prose.
         (…) L’inspiration ouvre d’abord le poète avec une telle amplitude qu’il semble que tout l’univers va se précipiter en lui et redevenir chaos… Mais ensuite la nécessité du vers broie ce chaos dans une contraction terrible et le coule dans le moule le plus sévère.
         (…) C’est ainsi que le poète me semble plus haut athlète spirituel que le prosateur. (…) D’abord, il doit être le plus fou, ensuite le plus sage.
         DLR, la poésie au-dessus de tout (In Sur les écrivains, Gallimard)
©E. Pinaïev



Я музу юную, бывало,
Встречал в подлунной стороне
Она из дудочке играла
Я слышал стоя в стороне.

Но вдруг милашку окружали
Как я, такие же юнцы
И грянув хором, заглушали
Мотив прелестны, подлецы.

И думал я : небесный Боже
Узрей сие, помилуй мя,
Ведь мне тобой дарован тоже
Осколок твоего огня,

Дай поорать !
Борис Рыжий, 1998.
©E.Pinaïev


(Vers traduit du russe par TM)
Une juvénile muse, il m'est arrivé
Sur cette face du monde, de croiser
D’une flûte céleste elle jouait
Me tenant à l'écart, je l'écoutais.

Soudain, l’on entoure cette chérie chérie
Comme moi, une bande de jeunes gens.
Ils hurlent en chœur, étouffant
Crapules, la suave mélodie.

Et j’ai pensé : Seigneur des Cieux
Contemple ceci, accède à ma prière
En effet, j’ai reçu de toi, le Père,
Un éclat de ton feu,
Laisse-moi gueuler !
Boris Ryjy, 1998





Ты в первой строчке дальше от терцин
Но во второй конечно ближе
Сонет писал Рембо как сукин сын
И Дюбелле какой–нибудь в Париже
Строчку давайте слог ещё один
Не думая о форме и престиже
Сергей Чудаков.
© E. Pinaïev

(Vers traduits du russe par TM)
À la première ligne,
Du tercet éloigné,
À la seconde, bien sûr, tu t’en rapprochais
Comme un fils de chienne, Rimbaud écrivait un sonnet
Et à Paris, un certain Dubellay
Allez encore une ligne, une syllabe-lige,
Sans se soucier de forme ni de prestige.

Sergueï Tchoudakov