Georgio de Chirico, Portrait prémonitoire |
DANS LES CREVASSES DE LA
NOVLANGUE II
« L’ancienne Kabbale judaïque
enseigne que le cadavre de l’homme tombe en poussière et disparaît en
retournant à la terre, qu’il n’en reste jamais rien si ce n’est l’osselet nommé
Luz, lui, indestructible,
éternité : à partir de Luz,
l’homme sera reconstitué dans sa résurrection, parce que l’osselet Luz rassemble en lui, malgré sa
petitesse infinie, tout ce qui avait été contenu dans le corps tombé et dont il
devient ainsi le résumé, l’aleph
brûlant dans les ténèbres de sa dévastation, la chance de son éternité prévue
dans le principe, mais à tout instant périclitée par les travaux de l’anti-principe,
de ses infiltrations, de ses glissades et de ses écroulements dans le noir.
Quand
sonne l’heure de justice que reste-t-il de l’entreprise littéraire, hormis
quelques lignes, hormis la confession escamotée en hâte au tournant de quelque
écrit apparemment sans importance, une lettre, la pénombre d’une fin de
chapitre, mais qui en constitue l’osselet Luz ?
Une critique hantée par les appels d’air de l’éternité devrait s’intéresser,
avant n’importe quelle autre approche de l’œuvre, à la découverte philosophique
de l’osselet Luz caché dans les
profondeurs de toute écriture qui, ne fut-ce que l’espace d’un instant, aura
été appelée à donner asile à la vie. »
Dominique de Roux, Gombrowicz,
1971 .
Le deuxième trait du courage, c'est la capacité à affronter la solitude. Le courage se mesure à cette capacité de résister aux grégarismes d'une époque…
(Anonyme, Malraux?…)