L'escalier Potemkine |
TROIS MARCHES VERS L'ABÎME
À Odessa dans l’ombre,
Vivaient les orphelins,
Sans logis et sans nombre,
Vivaient en souterrain.
Au bord de la Mer Noire,
Dans des trous de chauffage,
Dont ils sortaient le soir,
En manque, sales et sauvages.
Repérant les mousmées,
Sur le boulevard Potemkine,
En fourrure et lamé,
Soif méthamphétamine.
La fronde et le lance-pierres,
Percutaient la fourrure,
Et soudain la rombière,
Perdait toute son allure.
La meute s’abattait,
Sur l’oiselle blessée,
Ses valeurs dépouillait,
Sans même se baisser.
On ne vit pas longtemps,
Dans ces bas-fonds obscurs,
Les flics flinguaient les
enfants,
Sans faire de fioritures.
Sida et overdose,
Creusaient aussi leurs rangs,
Chiots enragés sans pose,
Souvent intelligents.
Gamins perdus moldaves,
Chassés par la pègre,
Leurs parents fleur-de –nave
Traités comme des nègres.
Odessa, la splendeur,
De son éclat magnétique,
Attirait ces naufrageurs,
De l’espace post-soviétique.
Et puis vite, chez les
Tsiganes,
Eux aussi près de l’océan,
Les défonces en filigrane,
Qui faisaient jouir les
enfants.
Toutefois tout le jour,
Les mômes se protégeaient,
L’un l’autre, comme si l’amour,
Était d’un noir de geai.
TM, 2013.