Mon très cher ami Mark Ames, avec qui nous avons traversé tant de péripéties à Moscou il y a 25 ans, me raconte que Le Monde a fait une critique élogieuse du navet cinématographique de Serebriakov sur feu notre ami commun Édouard Limonov. Comme je ne lis pas ce torchon, je n’étais pas au courant. Bien avant qu’il ne passe aux mains du pire gauchisme sociétal néo-con, les situationnistes avaient appelé cette feuille de chou « Le journal de tous les pouvoirs ».
Comme me l’a rappelé un récent biopic d’immigrants russes pleins aux as sur feu le poète Boris Ryjii où l’on comptait utiliser mon personnage de traducteur pour obtenir une caution européenne et prouver que le poète-voyou d’Ekaterinbourg, nostalgique de l’URSS, se serait opposé à « l’opération spéciale » — la guerre culturelle bobo bat son plein. Si j’ai refusé qu’on se serve de mon nom pour le navet Ryjii, la diaspora antirusse s’est tout de même servie de mon personnage, inventant sans doute un quelconque Henri Sigognac affublé de mes caractéristiques. Si jamais j’ai la preuve du contraire, je les traîne devant la Cour Suprême !… J’avoue regretter ne pas avoir vu le biopic pour savoir qui jouait mon rôle et comment. Ça promettait un certain nombre d’éclats de rire. Un bref moment disponible en location, le film a été très vite interdit de diffusion en Fédération Russe. Ma gloire usurpée sur les écrans aura donc été de très courte durée…
Boris Ryjii, poète de l'Oural. |
Il semble donc normal que l’organe central des néo-cons sociétaux de Phrance fasse l’éloge d’un film nul, fondé sur le navrant recopiage des écrits d’Édouard Limonov par Carrière d’Encaustique. Ce fils à maman pleurnichard vient de s’embourber un nouveau prix littéraire, paraît-il. Né dedans, il les décroche tous, quand t’en as un, t’en as dix. Ce n’est pas une question de mérite, c’est une question de classe dominante. Peu avant sa mort, Édouard m’écrivait : « Thierry, je sais qu’il a du succès parce que c’est un bourgeois».
Désamorcer le « fragment radioactif de radicalité » d’Édouard Limonov, semble un objectif logique du révisionnisme gaucho-néo-con, récrivant l’histoire du soir au matin. Selon mes amis éditeurs, les « critiques » de ces organes de désinformation rapportent bien moins qu’un seul article de blogueur un peu spécialisé, un peu pointu. Tout n’est donc pas perdu. Le navet sur Limonov n’enregistrera sans doute pas plus d’entrées. Peut-être même moins.
Thierry Marignac, décembre 2024.