30.8.11

Neurologie


Bouclé dans une clinique neurologique
Pieds et poings liés et tabassé
Voilà qu’un maître de la critique
Veut m’encenser ou m’éreinter

À droite le style, à gauche les formes
Par ici métaphore, par là contraste
Mon Dieu, qu’on est tous aux normes
Aujourd’hui personne n’est faste
Sergueï Tchoudakov
(Traduit par TM)

Когда я заперт в нервной клинике
Когда я связан и избит
Меня какой-то мастер в критике
То восхваляет то язвит

Направо стиль налево образы
Сюда сравнение там контраст
О Боже как мы все обобраны
Никто сегодня не подаст
С. Чудаков

26.8.11

Héritage de la louve (pour Pat Caza)

 Il existe — au cœur du cœur de toute femme — un poignard vibrant d’acier trempé si noir qu’on le jurerait taillé dans l’onyx. Cette lame du métal le plus froid fichée au tréfonds de l’ombre se confond parfaitement aux ténèbres —  épieu planté au fond d’un piège. Dans un déclic de couteau survie et vengeance se fondront —  à l’instant le plus bref — vers son éclair fugace, funèbre, décisif.
         Ci-gît l’héritage de la louve enfoncé dans la nuit furtive.

TDM 2011

15.8.11

Par-dessus bord


Quand on crie
« Un homme par-dessus bord ! »
Le navire marin, énorme comme une maison de rapport
S’arrête brusquement
Et l’homme
L’on repêche avec des cordes de gréement
Mais lorsque l’âme de l’homme
Passe par-dessus bord
Quand il suffoque, noyé
d'angoisse
de désespoir
Alors même sa maison privée
Oublie de s'arrêter
Voguant plus loin sur le trottoir !
Sergueï Tchoudakov
(Traduction TM)

Когда кричат;
«Человек за бортом !»
Океанский корабль, огромный как дом
Вдруг остановится
И человек
верёвками ловится
А когда душа человека
За бортом
Когда он захлебывается
От ужаса
И отчаяния
То даже его собственный дом
Не останавливается
И плывёт дальше !
С. Чудаков.

12.8.11

Vite

Oscar Wilde et l'absinthe

Gratitude
Pour tout, pour tout, je te remercie :
Les tourments secrets de la passion,
L’amertume des larmes, du baiser le poison,
La vengeance des ennemis, des proches la calomnie,
L’ardeur de l’âme, gaspillée dans le désert,
Pour tout ce qui m’a abusé dans cette vie…
Fais juste en sorte, qu’à partir d’aujourd’hui éphémère,
Ce soit pour peu de temps que je te remercie.
Mikhaïl Lermontov
(Traduction TDM)



Благодарность
За все, за все тебя благодарю я
За тайные мучения страстей
За горечь слез, отраву поцелуя
За месть врагов и клевету друзей
За жар души, растраченный в пустыне
За все, чем я обманут в жизни был…
Устрой лишь так, чтобы тебя отныне
Недолго я еще благодарил.
М. Лермонтов

11.8.11

Limonov et Carrière d'Encaustique




Couverture du recueil "Le vieux pirate"

Il pleut des coups durs
On va encore dire que je suis jaloux, aigri, infréquentable et tutti-quanti, mais à certains moments, le pied ne peut s’empêcher de se crisper dans la godasse pour le coup de latte au train, et je vous assure, il ne s’agit pas de célinisme mal placé. En effet, il se trouve qu’Emmanuel Carrière d’Encaustique vient de pondre une bio d’un de mes plus vieux potes, en l’occurrence Édouard Limonov, sachant qu’il le connaît à peine, l’ayant vu deux fois pendant les quatorze ans qu’Édouard a passé à Paname, et que ses écrits sur le vieux punk bargeot de toutes les Russies n’empêcheraient pas une rombière de Saône-et-Loire de s’endormir sur le chef-d’œuvre, en écoutant Richard Claydermann. Le sieur Encaustique a un style policé — surtout je m’engage pas trop — et son audace la plus ébouriffante, consiste à dire qu’il ne le juge pas !…
La dernière fois que j’ai vu Édouard, il y a deux ans à Moscou au mois de juillet, après toutes nos aventures, dont une — en 2001— a failli me faire échouer au goulag ou peu s’en faut, en tout cas une séance que je ne recommanderai à personne avec le FSB, je l’ai salué d’un « Comment ça va vieux pirate ?… » qui lui a donné le titre de son dernier recueil de poésie, Le vieux Pirate.
Bon, pour être tout à fait honnête, il vaut mieux que ce soit Encaustique qui l’ait écrit, sachant qu’avec ses prix littéraires et sa daronne académicienne, le livre a plus de chances d’attirer l’attention que si c’était votre serviteur qui l’avait rédigé — je suis voué aux gémonies pour mes péchés d’insolence face à la tartufferie Phrançaise, et maintenant mondialisée. Néanmoins — et c’est une litote par rapport à la lénifiance d’Encaustique, le fils à maman — je ne sais pas le dire en français : My prose packs a punch !… Il se trouve que je connais Limonade depuis 30 ans — ayant fait sa connaissance en 1981 pour être précis — que je n’ai plus besoin de raconter que je me suis marié en 1985 avec Medvedeva pour qu’elle reste en Phrance avec lui, et que — bien que ne partageant pas ses convictions russo-russes héroïco-tralala — il fait cependant lui aussi, partie de mes amis Antifessebouc !…
Dans l’univers de chapelles et de coteries phranco-phrançaises, même si j’écris sur Édouard depuis toujours, ayant remarqué avant tout le monde qu’il s’agissait d’un destin hors-normes, il va de soi que l’oseille et la notoriété vont à Encaustique, qui n’en a pas besoin, vu qu’il est né dedans. Carrière cirée d’avance m’avait du reste contacté il y a quelques années pour avoir des détails sur Édouard — il en savait si peu — avant de se raviser, vu qu’il avait appris sans doute que ses romans à faire pleurer d’ennui ne m’inspiraient qu’indifférence.
Bref, ça n’est pas si grave. On s’y fait. On ne prête qu’aux riches. C’est à dire que les riches se prêtent à eux-mêmes. Une conjoncture tendancielle qui a posé des problèmes sociétaux, ces derniers temps, notamment en Angleterre.
TDM, Août 2011.

Six roses romantiques





Le sang du poète

Quel bonheur ! — Un poison secret coule dans mes veines,
Une cruelle maladie de mort m’a menacé
Dieu fasse qu’ainsi il advienne !…
Ni l’amour, ni le tourment ne connait le trépassé,
Locataire de six planches, retiré
Ignorant de tout, oublié, délaissé,
Ni l’appel de la gloire, ni ta voix
Ne viendront troubler mon repos plein de foi.
Mikhaïl Lermontov.
(Traduction TM)

Я счастлив ! тайный яд течет в моей крови,
Жестокая болезнь мне смертью угрожает!...
Дай Бог чтоб так случилось!... Ни любви
Ни мук умерший уж не знает;
Шести досок жилец уединенный,
Не зная ничего оставленный, забвенный,
Ни славы зов, ни голос твой
Не возмутит надежный мой покой!...
М. Лермонтов

RIP l'entregent


In memoriam mondanités
Il semble que la dernière provo de votre serviteur aie coûté à notre estimable publication son chroniqueur mondain, Pierre-François Moreau. Je ne reviendrai pas sur le très insignifiant personnage qui avait inspiré ma diatribe, disons simplement que celle-ci relevait de l’autodéfense, on menaçait de me dénoncer publiquement dans ces chasses aux sorcières virtuelles des néo-religions de la Toile. J’ai donc pris les devants, Be first, be best. Je n’avais pourtant évoqué que des faits avérés : l’égout fessebouc sert aux multinationales à vendre les cochonneries sans valeur mais très chères et procureuses d’identité dont les émeutiers de Londres se sont emparés récemment parce qu’on leur fout sous le nez sans arrêt et qu’ils n’ont pas les moyens de se les payer. D’autre part, il est également avéré que l’égout fessebouc est une mine d’infos pour les RG de tous les pays. Mais c’est violer un interdit réel, bien plus grave que les transgressions rétrospectives des tabous de l’ère Pompidou dont se goberge le demi-monde d’acteurs culturels de troisième ordre sous la pression duquel Pierre-François Moreau a cédé. Cracher sur cette église là est impardonnable. Nous regretterons Pierre-François, un bon camarade, et qui donnait à nos pages un caractère aérien dont nos sombres bobines sont bien incapables. Mais enfin, sans scandale, ces mêmes pages seraient moins savoureuses : il ne nous déplait pas d’avoir enfreint les règles de conformisme et d’autocensure, d'avoir chié sur fessebouc, l'institution la plus lamentable de l'époque.
 Pat Caza, un véritable ami, a résumé brillamment la tempête dans le verre d’eau : « On dirait un mauvais épisode de General Hospital ! ».
Ces pages continuent avec les purs et durs : l’inénarrable et remarquable Caza, Vincent Deyveaux, roc de solidité et d'acuité visuelle,  et TM, l’agité du bocal.