29.1.20

La classe dominante française au XXIe siècle: prévarication et servage.

 
Le Conseil d'État, tableau de Repin
Notre ami Benoît Laudier, qui dirige les excellentes éditions Vagabonde, rétorqua, lorsque notre amie Velda, très fine chroniqueuse littéraire, lui demanda, un peu surprise, pourquoi il avait choisi de publier le journal d’un grand navigateur et explorateur d’un siècle où l’on ne connaissait pas le GPS, où le régime de lard et de biscuits de mer finissait par provoquer le scorbut. Laudier répondit à sa manière inimitable : « Parce que toutes les époques sont contemporaines ».
Eh bien, comment ne pas repenser à cette phrase laconique en publiant ce long « poème » de Derjavine ? Il s’agit d’une adresse aux puissants vautrés dans le luxe et la paresse, la prévarication et le mépris du peuple. Ces vers lui avaient été inspirés par une enquête que la Grande Catherine lui avait demandé sur les sénateurs, parce que le procureur-général, vieux et malade, en était incapable. Dans le contexte français, l’on ne compte plus les ministres et haut-fonctionnaires pris la main dans le sac, les collusions les plus éhontées avec les puissances financières. Leur succession, nonobstant une certaine monotonie, pourrait être comique par  le sentiment de tranquille impunité janséniste du possédant ne cherchant même pas à masquer ses traces — signe distinctif de ces incapables — si elle ne nous dépouillait de nos maigres ressources avec une égale constance. Et, tout à coup, les vers de Derjavine redeviennent redoutablement : « contemporains », dans la France du XXIe siècle où la classe dominante ne fait même plus mine de s’en défendre : elle veut des serfs !
Une autorité !…




HAUTS DIGNITAIRES
De Gavril Derjavine
(Traduit du russe par Thierry Marignac)
Ce ne sont pas les parures de vos vêtements
Qu’ici ma muse glorifiera
Dont, aux yeux des ignorants
Les dignitaires, de leur rang revêtira ;
Je ne chanterai point du luxe la chanson ;
Non, les idoles sous le cristal
Dans les tressaillements de l’éclatant métal,
Écouter mes louanges ne pourront.

La dignité, je veux encenser,
Dont par elles-mêmes les personnes concernées
Ont su leur titre mériter
Et les louanges par les affaires,
Ceux que ni lignée, ni charge de dignitaire,
Ne rehaussaient, ni même bonheur patricien ;
Mais un certain éclat était pour eux le gain
Leur valant d’être honorés par leurs concitoyens.

L’idole, ainsi placée honteusement,
La populace flattera absurdement ;
Mais si des artistes sur elle le regard est posé
Ne ressentant directement aucune beauté :
Cette image, sa rumeur mensongère,
Dorée de crasse, cette argile somptuaire !
Et vous, dépourvus de bienveillance particulière,
N’êtes-vous pas tous ainsi les dignitaires ?

Les perles de la Perse ne seront point vos ornements
Ni du Brésil les étoiles —  à l’éclat si brillant ;
Aux yeux de la vérité les amants
Seul est parfait le vertueux farouchement :
Il est la quintessence de l’éloge des mortels.
Caligula ! Au Sénat ta haridelle
Ne peut scintiller d’or, scintiller :
Ne scintillent que les affaires de la bonté.

Ivan Dounine, portrait


L’âne restera un âne,
Quoiqu’il soit d’étoiles parsemé :
Là où l’esprit doit cesser d’être en panne,
Il ne sait que ses oreilles agiter.
O ! En vain, la main du bonheur,
Contre le grade naturel,
La folie s’installe dans le sieur
Ou le vacarme de l’idiot sempiternel.

Quels que soient les ressorts imaginés pour rebondir,
Pour concevoir à l’homme une bouée —
On ne peut rester un siècle déguisé,
Sans que la vérité ne doive se découvrir.
Lorsque, ni les combats ni les procès ne m’ont ébranlé
Dans les conseils tsaristes, des comparaisons :
On croit que je suis Tchoupiatov[1], contre toute raison,
Des rubans et étoiles de la princesse du Maroc, assoiffé.

Abandonnant le sceptre, le trône, le palais,
Vagabond dans la sueur et la poussière,
Comme un dieu quelconque , le Grand Pierre,
Brilla par sa Majesté dans les affaires :
Le héros dans ses haillons, on honorait !
Catherine, pour son humble part,
Et sans même le trône du Tsar,
Épouse grandiose se montrait.

Et en vérité, si de l’amour-propre la flatterie
De l’esprit d’arrogance, elle ne fut pas saisie :
Qu’en est-il de notre noblesse et honneur,
Ne s’agit-il pas de l’élégance du cœur ?
Je suis Prince — qu’en moi brille l’esprit ;
Possédant — que je sois maître des passions ;
Souffrant — que pour tous, de compassion, je sois pris,
Pour le Tsar, pour la loi, pour l’église et le reste sans déraison.

 Les dignitaires doivent se composer
D’un esprit de santé, un cœur illuminé ;
En exemple, il doivent eux-mêmes se donner,
Savoir que leur titre est sacré,
Qu’ils ne sont du pouvoir que l’instrument
Le pilier du tsariste bâtiment.
Leurs sens, leurs paroles, leurs actions,
Doivent être gloire, honneur et fonction.
Ordre de St-Vladimir


Et toi second Sardanapale 
Vers quoi fuis-tu tout sens fondamental ?
Pour que s’écoule ton siècle sous les auspices,
Des jeux, des fêtes et des délices ?
Pour l’œil saturé de partout, or et tentures purpurines,
Que dans tes palais on admire,
Les tableaux qui dans les miroirs respirent,
Marbre, porcelaine et mousseline ?

Serait-ce pour que l‘espace du monde te soit
Étendue, servile activité, emploi,
Pour tes déjeuners capricieux
Qu’on apporte en cadeau les mets les plus fameux,
Que l’on verse le vin dense de Tokay,
La lavande — avec les étoiles de café épais,
Du labeur mondial, ne souhaitant
Une seconde abandonner un de ces éléments ?

Les eaux s’écoulent, là-bas dans ces trouées,
Et vers le haut s’élançant bruyamment, étincellent
Là-bas fleurissent les roses dans l’hiver enneigé
Et dans les bois les nymphes entonnent le chant solennel
Se peut-il qu’après avoir tout vu,
D’un œil sombre, indifférent, des contentements ennuyé,
Que tu te mettes à bailler, repu ?
Sardanapale, de Lord Byron


L’aigle planant dans les nues,
Contemple le soleil aux rayons de midi ;
Mais dans ton palais, à peine l’aube a-t-on perçu
Rutilante par les rideaux que les vers ont flétri ;
À peine sur les seins frémissants,
Circée reposant avec toi
Se mettent à briller les roses et les lilas :
Mais là-bas ? Tu dors avec elle calmement…

Mais là-bas — c’est un héros couvert de blessures,
Comme un busard sous le harnais blanchi,
Anciennement, avant toi, le chef sans imposture,
En avant-garde, venu te voir, hardi
Prendre tes ordres, pour que tu sois servi,
Parmi ta domesticité dorée
Abandonnant sa couronne de laurier,
T’attend déjà depuis une heure bien sonnée !

Là-bas, dans l’antichambre, la veuve debout attend,
Des larmes amères déversant,
Dans ses bras, elle tient un nourrisson
Elle souhaite ta protection
Pour ton honneur, à ton profit, 
De son époux, elle fut privée ;
En toi reconnaissant un ancien ami à lui
Elle est venue sa prière t’apporter.

Et là-bas — où grimpe l’escalier
Est venu, sur ses béquilles, courbé
Sans peur, ce vieux guerrier,
De trois médailles décoré,
Dont le bras, en combat sans merci
T’a tout bonnement sauvé la vie :
Il veut que tu lui tendes la main
De toi obtenir un morceau de pain.

Et là-bas où ton gros chien est allongé,
Fier des galons à son collier,
Se dresse le régiment des créanciers,
Venus leurs dettes te réclamer.
Réveille-toi Sybarite ! Tu dors ou d’ailleurs,
 Somnole seulement dans la douce volupté,
Les voix des malheureux tu ne vas pas écouter,
Et professe dans la dépravation du cœur :


« De mon repos, un seul instant,
Dans l’Histoire des siècles, m’est plus cher ;
Vivre pour soi seulement, en solitaire,
Pouvoir boire les rivières du contentement,
Seulement voguer au vent, le peuple du joug accablant,
Conscience et honte — des âmes faibles sont les tourments !
Il n’est point de vertu, et il n’est point de Dieu ! »
Scélérat, hélas !… Et le tonnerre gronde dans les cieux.

Bienheureux est le peuple entièrement pénétré
De sa foi en Dieu et de sa piété,
Lui qui la loi des Tsars peut toujours préserver,
Respecter la morale, la vertu strictement,
La perle héritée des femmes et des enfants,
La grâce — à l’unanimité
Dans les tribunaux — l’égalité
Dans l’évitement des passions — la liberté !
Sardanapale, Delacroix


Bienheureux est le peuple, où le Tsar est principal,
Le dignitaire — un membre du corps à la santé primordiale,
Avec soin, ses dettes contrôler
Ne pas s’occuper des affaires des étrangers ;
De l’esprit de ses jambes, la tête n’attend pas,
Et n’ôte point  la force de ses bras ;
 La vue et l’ouïe tendent à lui suggérer
De par elle-même commander.

La nature, s'affermit par ce nœud
Si sous le régime impérial, de la sorte on vit heureux —
Dignitaires ! La gloire et la solennité
Il n’y en a d’autres pour vous, pour faire montre de justice,
Que d’être le gardien du peuple, et le Tsar aimer,
Vers leur bien commun s’efforcer,
En serpent devant le trône, on ne sinue ni ne glisse
On se dresse et dit la vérité.

Ô peuple russe courageux,
Gardien de la morale de la patrie éternelle !
Lorsque s’éteignent les lignées mortelles,
Pourquoi de la gloire n’es-tu point fait partageux ?
Pourquoi chez toi n’y a-t-il point de dignitaires ? —
Celui qui dans le fracas des combats s’est montré téméraire,
Ici, l’homme aux longs bras, sans peur, dans les lointains[2],
Répond vertement, sans merci et hautain.

Dans notre époque, je le vois à cette heure,
En ça, je suis le célèbre Camille,
Chez qui la guerre et le labeur,
Et la vieillesse n’épuisa pas la fibrille.
Du bruit sonore de ses victoires,
Dans sa cabane, il s’en fut, indifférent,
Et encore à la campagne obéissant
Il vit toujours dans les champs de Mars du devoir.

À toi, le héros !  Homme que l’on espère !
Non par la richesse du glorieux dignitaire,
Idole des cœurs, les âmes emprisonnant,
Guide de rameaux d’olivier couronné !
Je vais l’hymne de ta justice entonnant.
Et t’honorer d’elle, et te consoler.
Lutte à nouveau contre la tempête, et prends courage,
Ainsi l’aiglon s’élève  au-dessus des orages.

Règne et de ses hauteurs célestes
Par les ténèbres de l’éther embrouillé
Survole les courants de cataracte manifestes ;
Se reposant du giron du monde dans ses lauriers,
Vers le peuple, étends ton dernier éclat
Donner à la nature, ce qu’on lui doit
Crépuscule rougeoyant des soirées !
Gavril Derjavine

La comtesse Olga Shouva


ВЕЛЬМОЖА.

Не украшеніе одеждъа
Моя днесь Муза прославляетъ,


Которое въ очахъ невѣждъ
Шутовъ въ вельможи наряжаетъ;
Не пышности я пѣснь пою;
Не истуканы за кристаломъ,
Въ кивотахъ блещущи металломъ,
Услышатъ похвалу мою.


Хочу достоинства я чтить,
Которыя собою сами
Умѣли титла заслужить
Похвальными себѣ дѣлами;
Кого ни знатный родъ, ни санъ,
Ни счастіе не украшали;
Но кои доблестью снискалиб
Себѣ почтенье отъ гражданъ.
Кумиръ, поставленный въ позоръв,
Несмысленную чернь прельщаетъ;


Но коль художниковъ въ немъ взоръ
Прямыхъ красотъ не ощущаетъг:
Се образъ ложныя молвы,
Се глыба грязи позлащенной!
И вы, безъ благости душевной,
Не всѣ ль, вельможи таковы?
Не перлы персскія на васъ,
И не бразильски звѣзды ясны;
Для возлюбившихъ правду глазъ[2]
Лишь добродѣтели прекрасны:
Онѣ суть смертныхъ похвала.
Калигула! твой конь въ сенатѣ[3]


Не могъ сіять, сіяя въ златѣ:
Сіяютъ добрыя дѣла.
Оселъ останется осломъд,
Хотя осыпь его звѣздами;
Гдѣ должно дѣйствовать умомъ,
Онъ тщетно хлопаетъ ушами[4].
О! тщетно Счастія рука,
Противъ естественнаго чина,
Безумца рядитъ въ господа
Или въ шумиху дурака.
Какихъ ни вымышляй пружинъ,
Чтобъ мужу бую умудриться[5], —


Не можно вѣкъ носить личинъ,
И истина должна открыться.
Когда не свергъ въ бояхъ, въ судахъ,
Въ совѣтахъ царскихъ, супостатовъ:
Всякъ думаетъ, что[ii] яе Чупятовъ[6]
Въ марокскихъ лентахъ и звѣздахъ.


Оставя скипетръ, тронъ, чертогъ,
Бывъ странникомъ, въ пыли и въ потѣ,
Великій Петръ, какъ нѣкій богъ[7],
Блисталъ велическтвомъ въ работѣ:
Почтенъ и въ рубищѣ герой!
Екатерина въ низкой долѣ[8]
И не нацарскомъ бы престолѣ
Была великою женой.
И впрямь, коль самолюбья лесть
Не обуяла бъж умъ надменный:
Чтò наше благородство, честь,
Какъ не изящности душевны?
Я князь — коль мой сіяетъ духъ[9];


Владѣлецъ — коль страстьми владѣю;
Боляринъ — коль за всѣхъ болѣю,
Царю, закону, церкви другъ.
Вельможу должны составлять
Умъ здравый, сердце просвѣщенно;
Собой примѣръ онъ долженъ дать,
Что званіе его священно,
Что онъ орудье власти есть,
Подпора царственнаго зданьяз.
Вся мысль его, слова, дѣянья
Должны быть — польза, слава, честь.
А ты, второй Сарданапалъ[10]!
Къ чему стремишь всѣхъ мыслей бѣги?
На то ль, чтобъ вѣкъ твой протекалъ
Средь игръ, средь праздности и нѣги?
Чтобъ пурпуръ, злато всюду взоръ
Въ твоихъ чертогахъ восхищали,
Картины въ зеркалахъ дышали,
Мусія, мраморъ и фарфоръ?


На то ль тебѣ пространный свѣтъ,
Простерши раболѣпны длани,
На прихотливый твой обѣдъ
Вкуснѣйшихъ яствъ приноситъ дани,
Токай густое льетъ вино,
Левантъ — съ звѣздами кофе жирный,
Чтобъ не хотѣлъ за трудъ всемірный
Мгновенье бросить ты одно?
Тамъ воды въ просѣкахъ текутъ
И, съ шумомъ вверхъ стремясь, сверкаютъ;
Тамъ розы средь зимы цвѣтутъ,
И въ рощахъ нимфы воспѣваютъ,
На то ль, чтобы на все взиралъ
Ты окомъ мрачнымъ, равнодушнымъ,
Средь радостей казался скучнымъ
И въ пресыщеніи зѣвалъ?
Орелъ, по высотѣ паря,
Ужъ солнце зритъ въ лучахъ полдневныхъ;
Но твой чертогъ едва заря
Румянитъ сквозь завѣсъ червленныхъ;
Едва по зыблющимъ грудямъ
Съ тобой лежащія Цирцеи
Блистаютъ розы и лилеи;
Ты съ ней покойнои спишь,… а тамъ? —
А тамъ израненный герой,
Какъ лунь во браняхъ посѣдѣвшій[11],


Начальникъ прежде бывшій твой,
Въ переднюю къ тебѣ пришедшій
Принять по службѣ твой приказъ,
Межъ челядью твоей златою,
Поникнувъ лавровой главою,
Сидитъ и ждетъ тебя ужъ часъ!
А тамъ — вдова стоитъ въ сѣняхъ[12]
И горьки слезы проливаетъ,
Съ груднымъ младенцемъ на рукахъ
Покрова твоего желаетъ:
За выгоды твои, за честь
Она лишилася супруга;
Въ тебѣ его знавъ прежде друга,
Пришла мольбу свою принесть.
А тамъ — на лѣстничный восходъ
Прибрелъ на костыляхъ согбенный,
Безстрашный, старый воинъ тотъ,
Тремя медальми украшенный,
Котораго въ бою рука
Избавила тебя отъ смерти:
Онъ хочетъ руку ту простерти
Для хлѣба отъ тебя куска.


А тамъ — гдѣ жирный песъ лежитъ,
Гордится вратникъ галунами, —
Заимодавцевъ полкъ стоитъ,
Къ тебѣ пришедшихъ за долгами.
Проснися, Сибаритъ! — ты спишь,
Иль только въ сладкой нѣгѣ дремлешь;
Несчастныхъ голосу не внемлешь
И въ развращенномъ сердцѣ мнишь:
«Мнѣ мигъ покоя моего
Пріятнѣй, чѣмъ въ исторьи вѣки;
Жить для себя лишь одного,
Лишь радостей умѣть пить рѣки,
Лишь вѣтромъ плыть, гнесть чернь ярмомъ;
Стыдъ, совѣсть — слабыхъ душъ тревога!
Нѣтъ добродѣтели! нѣтъ Бога!» —
Злодѣй… увы!.. и грянулъ громъ.
Блаженъ народъ, который полнъ
Благочестивой вѣры къ Богу,
Хранитъ царевъ всегда законъ,
Чтитъ нравы, добродѣтель строгу
Наслѣднымъ перломъ женъ, дѣтей,
Въ единодушіи — блаженствоі,
Во правосудіи — равенство,
Свободу — во уздѣ страстей!
Блаженъ народъ, гдѣ царь главой,
Вельможи — здравы члены тѣла,
Прилежно долгъ всѣ правятъ свой,
Чужаго не касаясь дѣла;


Глава не ждетъ отъ ногъ ума
И силъ у рукъ не отнимаетъ[13];
Ей взоръ и ухо предлагаетък,
Повелѣваетъ же сама.
Симъ твердымъ узломъ естества
Коль царство лишь живетъ счастливымъ, —
Вельможи! славы, торжества
Иныхъ вамъ нѣтъ, какъ быть правдивымъ,
Какъ блюсть народъ, царя любить,
О благѣ общемъ ихъ стараться,
Змѣей предъ трономъ не сгибаться,
Стоять — и правду говорить.


О росскій бодрственный народъ,
Отечески хранящій нравы!
Когда разслабъ весь смертныхъл родъ,
Какой ты не причастенъ славы?
Какихъ въ тебѣ вельможей нѣтъ? —
Тотъ храбрымъ былъ средь бранныхъ звуковъ,
Здѣсь далъ безстрашный Долгоруковъ[14]
Монарху грозному отвѣтъ.
И въ наши вижу времена
Того я славнаго Камилла[15],


Котораго труды, война
И старость духъ не утомила.
Отъ грома звучныхъ онъ побѣдъ
Сошелъ въ шалашъ свой равнодушно
И отъ сохи опять послушно
Онъ въ полѣ Марсовомъ живетъ.
Тебѣ, герой, желаній мужъ,
Не роскошью вельможа славный,
Кумиръ сердецъ, плѣнитель душъ,
Вождь, лавромъ, маслиной вѣнчанный,
Я праведну здѣсь пѣснь воспѣлъ!
Ты ею славься, утѣшайся,
Борись вновь съ бурями, мужайся,
Какъ юный возносись орелъ.
Пари — и съ высоты твоей
По мракамъ смутнаго эѳира
Громовой пролети струей,
И, опочивъ на лонѣ мира,
Возвесели еще царя;
Простри твой поздній блескъ въ народѣ,
Какъ отдаетъ свой долгъ природѣ
Румяна вечера заря

Гаврил Державин





[1] Riche marchand de Rjev au XVIIIe siècle, un temps bourgmestre de la ville qui lorsqu’il fit banqueroute se présenta comme le fiancée d’une princesse marocaine pour attirer l’investisseur, ce dont St-Pétersbourg fit longtemps des gorges chaudes.
[2] Il s’agit ici de Pierre le Grand, qui avoisinait les deux mètres, dont c’était un des nombreux surnoms.