4.8.25

Cocaïne sous Lénine…

Roman avec cocaïne, Agueev.

 LA COCAÏNE DE LA FAIM

    La cocaïne entre en Russie au lendemain de la Révolution d'Octobre. Durant les années qui suivent la chute du tsar, les anciens dignitaires s'adonnent souvent à cette drogue. Il s'agit d'une consommation marginale de la cour déchue ou de pratiques acquises par les officiers impériaux au contact de leurs homologues allemands.

    À partir des années 1920, dans un pays dévasté par la guerre civile et l'intervention étrangère, un phénomène nouveau et massif apparaît, qui dure jusqu'en 1930, avec les premiers effets positifs de la NEP: une consommation de cocaïne de masse, qui survient en même temps que la prohibition de l'alcool. Elle touche le pays profond, en commençant par les soldats, pour s'étendre jusqu'aux enfants. D'après les enquêtes du MVD de l'époque, les classes laborieuses se mettent à sniffer ou à fumer de la cocaïne pour lutter contre la faim. Près de 40% des arrestations  pour usage de stupéfiants en 1925 concernent cette drogue. Venue sans doute des plantations de Java, et transformée dans les usines japonaises qui fournissent alors l'ensemble de l'Asie, elle voyage par les chemins de fer de la Mandchourie, dont la Russie a théoriquement la concession mais qui sont contrôlés en fait par le seigneur de la guerre chinois Zhang Zuolin. La drogue est distribuée, pour un prix très bas, dans les villes qui longent le Transsibérien.

    Atlas Mondial des drogues, Presses Universitaires de France, 1996.


Le Fameux vin Mariani à la coca de Freud,  Lyautey, et du pape! 


 

(Vers traduits du russe par Thierry Marignac)


Gamine idiote et solitaire, pourquoi faire vous pleurez 

Par la cocaïne crucifiée sur les boulevards mouillés de Moscou ?

Votre gorge maigrelette est à peine couverte par votre tour de cou

Perdant ses poils, ridicule comme vous, tout mouillé

La bruine automnale des boulevards vous a déjà empoisonnée

Et je sais que dans un cri, vous pouvez virer cinglée.

Et quand, sur cet horrible banc, vous mourrez

Votre cadavre bleui ne couvrira qu’un linceul d’obscurité…

Alors ne pleurez pas, gamine solitaire, ça ne vaut pas le coup.

Par la cocaïne crucifiée sur les boulevards mouillés de Moscou.

Sur votre gorge, resserrez votre tour de cou

Et pointez-vous là où personne ne demandera: qui êtes-vous.

1916.

 


Что Вы плачете здесь, одинокая глупая деточка
Кокаином распятая в
 мокрых бульварах Москвы?
Вашу тонкую шейку едва прикрывает горжеточка.
Облысевшая, мокрая вся и
 смешная, как Вы…

Вас уже отравила осенняя слякоть бульварная
И
 я знаю, что крикнув, Вы можете спрыгнуть с ума.
И
 когда Вы умрете на этой скамейке, кошмарная
Ваш сиреневый трупик окутает саваном тьма…

Так не плачьте ж, не стоит, моя одинокая деточка.
Кокаином распятая в
 мокрых бульварах Москвы.
Лучше шейку свою затяните потуже горжеточкой
И
 ступайте туда, где никто Вас не спросит, кто Вы.

1916 г.

 

Molécules de…

 

Ailes concassées, brisées,

Une sauvage douleur mon âme a abaissé

La cocaïne d’une poussière argentée

Tous mes chemins, a jonché.

 

Je ne savais pas du tout comment voler —

Les voleurs m’ont appris au marché,

Et pour cela je leur entonnais mes chants

Mes chansons d’un lointain printemps.

 

Amoureuse, je n’étais pas jusqu’à seize ans

Comme une rose au jardin éclosant,

Mais à seize ans, brusquement je déchois

Je fumais et buvais de la vodka.

 

Le vent siffle et gémit dans les champs

Aux antiques fenêtres frappe le vent…

Mais mon amour dans la rivière ne coule pas

Ni au feu jamais ne brûlera.

 

Et je marche sans fin, je ne sais pas,

Si cette chanson va se terminer…

Je suis une fille encore jeune, moi,

Mais mon âme titre déjà mille années !

Romance voyou odessite.




 

Перебиты, поломаны крылья,
Дикой болью мне душу свело,
Кокаина серебряной пылью
Все дороги мои замело.

Воровать я совсем не умела –
На Привозе учили воры,
А за это я песни им пела,
Эти песни далекой весны.

До шестнадцати лет не влюблялась,
Точно роза в саду я цвела,
А с шестнадцати лет я пропала –
И курила, и водку пила.

Ветер по полю свищет и стонет,
Ветер в старые окна стучит…
А любовь моя в речке не тонет
И в огне никогда не горит.

Я хожу, все хожу и не знаю,
Что конца этой песенке нет…
Я девчонка еще молодая,
А душе моей тысяча лет!

 Блатная одесская песня