6.10.17

Michel Quarez, affichiste de génie — ou l'art sans blabla.

L'HEURE DE LA RETRAITE GÉNÉRALE

… Écrivait de Roux à une époque où la colonisation de la vie quotidienne — pourtant déjà dénoncée par tout ce que la culture contenait  de voix authentiques après Hiroshima et Auschwitz —  en était encore aux balbutiements cybernétiques, si loin de la perfection policière contemporaine. Avec son intuition prophétique, celle qui lui fit prédire l'effondrement de l'URSS à la fin du XXe siècle dans La jeune Fille au ballon rouge, cet auteur de génie avançait la théorie gombroviczienne de l'informe, de la jeunesse comme éternité, du sous-jacent comme seule révolte envisageable, la théorie centrifuge, à l'écart des bottes post-hégeliennes des post-marxismes, de l'hégémonie totalitaire des post-structuralismes et leurs déclinaisons morbides, vendues au grand public comme "sciences" fussent-elles humaines, elles qui l'étaient si peu. Ces "théories", néo-catéchisme, donnèrent naissance à un "art" désolant dont la laideur et la nullité se justifiaient par un intellectualisme pseudo-historique qui en était l'argument de vente — en ce sens, comme le dit autrefois un ami très cher, la seule réponse à Beaubourg, c'étaient les obus. Les diverses modes néo-figuratives étaient un marché de niche, désamorcées dès qu'elles étaient conçues.
Et puis !…, L'informe, le spontané, la jeunesse vivaient leur vie sous la bestialité des propagandes. Alors Michel Quarez, affichiste vivant une vie de poète dans une banlieue déshéritée, sans obédience et sans courbettes, attaché au direct, au spontané, sensibilité vive bourrée d'intelligence sans ostentation. Intelligence vive, comme ses couleurs sont vives.
Notre ami Daniel Mallerin donne ci-dessous son interprétation Apollinaire d'un art qui ne se laisse pas emprisonner dans les navrantes homélies de l'époque. 

L'exposition de Michel Quarez  à Galerie Corinne Bonnet...
Cité artisanale, 63 rue Daguerre - 75014 Paris se termine demain, hélas.
Transparent



MICHEL QUAREZ EXPERIENCE – FACE A
Maintenant tu marches dans Paris vers la rue Daguerre, cité saoule de géraniums
C’est là, l’exposition de Michel Quarez
Tu ravales ton vocabulaire pas très clair, tes fétiches distingués, ta pacotille d’artbruti
A la fin tu es las de ce monde ancien
Et tu te jettes sous le bombardement chromatique
Tu penses Jimi Hendrix
Quand tu découvres épinglés, en deux rangées superposées, 26 mini dazibaos comprimés, asphyxiés l’un contre l’autre
Collages acryliques

Ricochets acryliques et cotillons appliqués
Zone hallucinée
Ici, les collages miment la peinture et, là, le pinceau contrefait le crêpage
Une escadrille d’icônes phosphorescentes fond de l’espace wahwah
Sous l’effet larsen, ton cortex imprime l’une après l’autre chaque image
Plic-ploc


Salut, salut
Soleil haïku coupé, découpé, collé, décalé.
Alors, tout  devient simple comme bonjour voisin voisine
Nom d’une Joconde, qu’est-ce que c’est beau !

Ça te cloue le bec,
Ça te troue le cul.
Que pourrais-tu bien dire d’un poème sans le trahir connement ?
T’imagine pas que je vais m’y coller.
Fly by night

La couleur, la couleur !
On n’entend plus que ça, cet écho qui se cogne aux murs
La couleur Hendrix, ses combinaisons syncopées et hypnotiques
Couleur à bords perdus, couleur de muleta, couleur de clown, couleur d’émeute
Mysogine

Alors tout devient simple, trop simple,
Vraie fausse naïveté, tension et provocation,
Calculées, millimétrées
Et le boulot, l’expérience, le hasard, haïku tordu, calligramme inversé
Le signe, la composition et la toise Dada
Il a shooté lapinture, Jimi Quarez
Feuilles volantes et tube fluo
Sans cadre, sans rambarde
Des anti-tableaux
Adieu adieu Pollok
Adieu cocotte,
Adieu Pompidou
Adieu broute-minou
Ailleurs est le chant de l’expérience, le champ du signe.
Là, où les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
La rue, l’art rut
Une expo, un OUPOMU
(Ouvroir de poésie murale)
Une galéjade radicale.
Palissade Villeneuve-St-Georges