13.4.16

Appels d'air de l'éternité

Georgio de Chirico, Portrait prémonitoire
DANS LES CREVASSES DE LA NOVLANGUE II

« L’ancienne Kabbale judaïque enseigne que le cadavre de l’homme tombe en poussière et disparaît en retournant à la terre, qu’il n’en reste jamais rien si ce n’est l’osselet nommé Luz, lui, indestructible, éternité : à partir de Luz, l’homme sera reconstitué dans sa résurrection, parce que l’osselet Luz rassemble en lui, malgré sa petitesse infinie, tout ce qui avait été contenu dans le corps tombé et dont il devient ainsi le résumé, l’aleph brûlant dans les ténèbres de sa dévastation, la chance de son éternité prévue dans le principe, mais à tout instant périclitée par les travaux de l’anti-principe, de ses infiltrations, de ses glissades et de ses écroulements dans le noir.
            Quand sonne l’heure de justice que reste-t-il de l’entreprise littéraire, hormis quelques lignes, hormis la confession escamotée en hâte au tournant de quelque écrit apparemment sans importance, une lettre, la pénombre d’une fin de chapitre, mais qui en constitue l’osselet Luz ? Une critique hantée par les appels d’air de l’éternité devrait s’intéresser, avant n’importe quelle autre approche de l’œuvre, à la découverte philosophique de l’osselet Luz caché dans les profondeurs de toute écriture qui, ne fut-ce que l’espace d’un instant, aura été appelée à donner asile à la vie. »

Dominique de Roux, Gombrowicz, 1971 .

Le deuxième trait du courage, c'est la capacité à affronter la solitude. Le courage se mesure à cette capacité de résister aux grégarismes d'une époque…
(Anonyme, Malraux?…)