Le traducteur est par définition invisible, pour peu qu'il fasse bien son boulot. Les auteurs, prompts à lui rendre hommage pour qu'il leur rende service, n'hésitent pas à lui tomber dessus pour peu qu'il fasse preuve d'esprit critique. Depuis quand les esclaves ont-ils droit au crachoir ?… Si le traducteur est romancier lui-même, cela se complique encore. La concurrence entre en jeu. L'éditeur lui aussi veut un videur de cendriers obéissant. Pourtant, il n'est pas rare qu'un romancier prête sa voix aux littératures étrangères — en Russie et ailleurs, c'est admis, il faut qu'il gagne sa vie. En Phrance, comme souvent, la situation est pire qu'ailleurs et le traducteur mis plus bas que terre. Un de nos rares amis du "polar", Claude Le Nocher nous a fait la grâce d'une critique qui va au-delà de cette eau de vaisselle — suffisamment inattendu pour le relever au lien ci-dessous :
http://action-suspense.over-blog.com/article-thierry-marignac-des-chansons-pour-les-sirenes-111420946.html
Dans notre lente précipitation à composer le recueil Sirènes, nous avons oublié des bijoux tchoudakoviens, en voici quelques-uns :
http://action-suspense.over-blog.com/article-thierry-marignac-des-chansons-pour-les-sirenes-111420946.html
Dans notre lente précipitation à composer le recueil Sirènes, nous avons oublié des bijoux tchoudakoviens, en voici quelques-uns :
COMME
IL NOUS EST FACILE…
DE
SERGUEÏ TCHOUDAKOV
(Traduit
du russe par TM)
Comme
il nous est facile de nous vêtir de haillons
Et
d’un frac redressant l’épine dorsale
Comme
aisément les bobards on avale
Admis
comme moulage d’une vulgaire contrefaçon
Les
portes des bordels et celles de la prison
J’ouvre
à coups de talons
Comme
repérer les traîtres nous est facile
Et
comme parfois ils peuvent nous être utiles
Restant
coincés à deux nez à nez
Comme
des enfants en plein bras de fer
Nous
vivons dans un climat qui désespère
La
mort de la russe poupée
La
carte de bibliothèque les clés de l’appartement
Les
préservatifs et la monnaie
Notre
univers est étroit étonnamment
En
détails il est laid
Il
t’attirent, ils te paient, te collent dos à la muraille
Plains-toi
au Seigneur, priez dans vos bènes et pissez
O
mon frère vois en moi vaille que vaille
Le
tueur et le cadavre en petites quantités
©Sergueï
Tchoudakov, 7 mars 1970
О
как мы легко одеваем рванъё
И
фрак выпряющий спину
О
как мы легко принимаемся вранъё
За
липу чернуху лепнину
Я
двери борделя и двери тюрмы
Ударом
ботинка открою
О
как различаем предателя мы
И
как он нужен парою
Остались
мы с носом остались вдвоем
Как
дети к ладошке лаждошка
Безвыходность
климата в котором мы живём
И
смерть составная матрёшка
Билеты
в читальню ключи от квартир
Монеты
и презервативы
У нас
удивительно маленкий мир
Детали
его некрасвы
Заманят
заплатят приставят к стене
Мочитесь
и жалуйтесь Богу
О
брат мой попробуй увидеть во мне
Убийцу
и труп понемногу
©Сергей
Чудаков, 7 марта 1970
TCHOUDAKOV
NÈGRE
(traduit
du russe par TM)
Je
resterai nègre sous pseudonyme
De
bouchon brûlé, je me maquille, je me grime,
Je
traverse l’existence en fuite comme un bagnard
De
la chair de la foule rien ne me sépare
Dans
les réunions à tendance libérale
Les
récitals publics de vers à gogo
Il
m’est très agréable d’être un corps astral
Un
acteur qui ne dit pas un mot
À
la niche , il faut rentrer, Ô, présomptueux
Lave-toi
la gueule à l’eau courante
Jouer
les littérateurs est une tâche torturante
Et
imaginer une étoile bleue
Capte
avec moi le banal quotidien
Continue
à tisser une vie de presque rien
Mettre
de la confiture dans le thé refroidi
Humblement
bavarder avec sa simple amie
©
Sergueï Tchoudakov
Останусь
псевдонимшиком и негром
Сожженой
пробкой нарисую грим
Просуществую
каторжником беглым
От
плоти толп ничуть не отделим
На
сборищах с оттенком либералным
В
общественных читалищах стихов
Прятно
быть мне существом астральным
Актёром
не произносившим слов
О
суетный ! вернись в свою конуру
О мой
лицо домашнею водой
Мучительно
играть в литературу
И
притворяться голубой звездой
Постигни
как и я обыкновенье
Короткой
жизни продлевая нить
В
остывший чай накладывать варенье
С простой
подругой скромно говорить
©
Сергей Чудаков
L’heure
est tardive, on ferme le buffеt
Finie
l’alcoolique fête des fous
Le
cryptage des vers flambés transparaît
Sur
fonds de livres jamais lus jusqu’au bout
Sergueï
Tchoudakov.
(Traduit
par TM)
Поздний
час и буфет запирают
Алкогольный
кончается бзик
Шифром
гибели стих возникает
На
полях недочитанных книг
Сергей
Чудаков