26.11.18

À la mémoire de Frank Reichert, montmartrois d'élite

Vue de l'endroit stratégique à l'époque (tout début des années 1980), où Frank, Golo, Schlingo, TM, en compagnie de quelques jeunes femmes dont nous tairons le nom par discrétion, tenions salon, et prenions nos cuites.
L'illustration (remarquable) est de Jean-Yves Duhoo.
Le Poète
(Vers traduits du russe par TM)
Il est pâle et conçoit une effrayante route.
Dans son âme, les visions prennent vie.
Des coups de la vie sa poitrine retentit,
Les joues sont abreuvées du doute.

Ses cheveux par touffes ébouriffés,
Le front est haut, de rides parcheminé,
Mais la couleur des rêves enluminés
Brûle dans ses tableaux imaginés.

Il est assis dans un étroit grenier,
Par la lueur d’une bougie l’œil est cisaillé
Mais dans sa main serrée le crayon
Mène avec lui une secrète conversation.

Des pensées mélancoliques, il écrit la chanson,
Son cœur capture l’ombre du passé
Et ce vacarme, de son âme le son…
Demain pour un rouble, il va s’en débarrasser.
Serguei Essenine 1910-1912

Поэт
Он бледен. Мыслит страшный путь.
В его душе живут виденья.
Ударом жизни вбита грудь,
А щеки выпили сомненья.

Клоками сбиты волоса,
Чело высокое в морщинах,
Но ясных грез его краса
Горит в продуманных картинах.

Сидит он в тесном чердаке,
Огарок свечки режет взоры,
А карандаш в его руке
Ведет с ним тайно разговоры.

Он пишет песню грустных дум,
Он ловит сердцем тень былого.
И этот шум… душевный шум…
Снесет он завтра за целковый.
Эсенин
‹1910—1912›