Guest stars

28.12.11

Limonov voyait loin

Manifestation du 24 décembre 2011 à Moscou


Il y a deux ans et demi, fin juillet 2009 à Moscou,en pleine rédaction(en pleine traversée) de Milieu Hostile, lorsque je revis EL, il était toujours vaillant, mais il avait l'air entamé, isolé, en butte aux persécutions des organes de sécurité et séparé de son ex-femme et de ses chers enfants. Je le saluais d'un "Comment ça va, vieux pirate ?" qui sonna bizarrement à mes propres oreilles et devait lui donner le titre de son recueil de poésie paru l'année suivante, pour lequel il me rendit hommage, témoignèrent mes amis moscovites à grands renforts de courriels éberlués, à plusieurs reprises. Je restais incrédule en l'entendant parler de sa candidature à la présidence, et sceptique lorsqu'il évoqua la fragilité du système. Sur ce dernier point au moins, il semble, ces derniers jours, que j'avais tort.
Communiste en rollers devant les policiers médusés de Vladivostok (24-11-2011)


Gloire à la Russie
(EdouardLimonov, traduit du russe par TM)
Tournoie et roule la rose des vents.
Comme une pleine lune tu seras bien portant.
Déchirantes, les crises d’asthme cesseront
Good tout sera good, les cieux s'éclairciront.

Good sera un beau temps éclatant.
De l’oligarchie s’arrache la petite amie.
Comme toi baobab, une palme parapluie,
Cette greluche vivra encore trois ou quatre ans.

Jeune, verte et juteuse à l’intérieur
Sers t’en si tu veux, si tu veux contemple-la d’ailleurs…

Le soleil s’élève comme un acrobate,
Le jour s’allonge comme le soldat grossit,
Épuisé, à la cambrousse parti
Installé chez une veuve,nouveau venu, dernier en date…

Good sera la nation, remarquablement,
La clique des tchékistes bientôt kapout complètement
Se dissipent les nuages noirs irréversiblement
Le soleil nous déverse les armes du régiment.

Comme elles brillent,étincellent, et s’annoncent.
Gloire à la Russie ! Commeaux jours d’autrefois !
Gloire à la Russie ! Et pour nos armes, hourra !
C’est l’heure du laiton, et le temps du bronze !
Oublions, audacieux, des héro sla plastique matière,
Good est parfait, dans le soulèvement des masses fières.

ÉdouardLimonov, Mais le Vieux Pirate, Ad Marginem, Moscou, 2010


Слава России !
Крутится,вертится роза ветров,
Тыкак полнолунную будешь здоров.
Астмыколючей припадки пройдут,
Небоочистится good будет good.

Good будет полный, прекрасный погод.
Отолигарха подруга уйдёт.
Зонтичнойпальмой, с тобой, баобаб,
Нескольколет проживёт этот баб.

Юный,зелёный и сочный внутри,
Хочешь– используй, а хочешь – смотри…

Солнц евзбирается как акробат
День прибавляет, как в весе солдат,
Что истощённый, в деревню прибрёл
И увдовы загостил, новосёл…

Будет в стране замечательный good,
Клике чекистов наступит капут,
Вскроются черные все облака
Солнце зальёт нам орудья полка.

Изаблестят, засияют они.
Слава России! Как в прошлые дни!
Слава России! Орудьям – Ура!
Время латуни и бронзе пора !
Смело забудем героев пластмасс,
Good будет полный с восстанием масс…
Э. Лимонов, А Старый Пират, AdMarginem, 2010.

21.12.11

Milieu hostile, interview russe.

Romancier en escale à Itinéraires

ROMANS — DES ÉTENDUES DE LA C.E.I.
 De Daria KRAŸOUCHKINE
(Article et interview parues le 20-12-20011, dans la revue culturelle russe sur Internet : L’OBSERVATEUR RUSSE, РУССКИЙ ОЧЕВИДЕЦ, que nos lecteurs russophones peuvent lire en VO au lien suivant de cet estimé magazine:
http://rusoch.fr/cult/terri-marinyak-romany-s-prostorov-sng.html ).
Entre l’Est et l’Ouest, Sébastopol, Minsk, Vilnius et Paris — tel est l’univers des personnages du nouveau roman de l’auteur français Thierry Marignac, Milieu hostile. Dans ce livre, le fil de l’amitié et de l’amour est tissé sur un canevas policier habilement brodé sur le tissu de la culture d’Europe de l’Est. Original et inhabituel pour les Français, assez éloignés de la vie en Ukraine, Russie, Biélorussie et Lituanie. Original et inhabituel pour les Russes, Ukrainiens, Biélorusses parce qu’il s’agit de notre monde vu par d’autres yeux, directement, comme à travers une vitre immaculée, un regard sur les dernières années de la vie chez nous, dans nos pays. Monsieur Marignac a parlé de son livre un peu plus en détail à L’Observateur russe à l’occasion de la signature organisée le 26-11-2011 à la librairie parisienne « Itinéraires » spécialisée dans le voyage, 60 rue St-Honoré.

Q : C’est votre quatrième roman sur l’Europe de l’Est. S’agit-il d’un cycle ou bien chaque roman est indépendant des autres ?
En réalité, ces romans peuvent se lire séparément, mais il s’agit effectivement d’un cycle en ce qui concerne la langue et la culture. Parce que j’apprends la culture grâce à la langue et inversement, la langue grâce à la culture. Ma rencontre avec les langues et cultures russes a été très fructueuse, elle a ouvert un espace à l’imagination, fourni les inspirations romanesques.

Q : On a l’impression constante, que « Milieu hostile » — ce n’est pas simplement un roman policier « noir », genre qu’on considère souvent comme une littérature de masse. Alors finalement, c’est un roman noir, ou pas ?
R : Noir ou pas noir, je ne m’intéresse pas à ces catégories. Il existe des critères particuliers habituellement dévolus au polar, mais les miens n’y correspondent absolument pas. L’intrigue « criminelle », disons, existe pour moi parce qu’elle permet à mon imagination de fonctionner. C’est à dire que je ne peux enfin décrire, par exemple, amitié et amour, aucun fil narratif ne surgit dans mon esprit, si je ne place pas les personnages dans un contexte socio-historique précis. Quand je l’ai trouvé, l’imagination travaille, je peux écrire.

Q : Qu’est-ce qui compte le plus à vous yeux, l’intrigue criminelle ou l’intrigue affective ?
R : L’intrigue criminelle est nettement plus importante pour moi, c’est certain. C’est ce que je tentais de vous dire : l’intrigue affective n’a de sens que dans son contexte géopolitique et événementiel. Je ne pourrais pas concevoir une histoire d’amour abstraite, qui constituerait une intrigue de roman à elle seule. Je ne saurais pas le faire.

Q : Dans votre roman, l’Europe de l’Est, c’est un univers hérité du passé soviétique, ou bien un univers tourné vers l’Occident ?
R : Il s’agit plutôt d’un univers hérité du passé soviet, avec tous les problèmes qui en découlent par rapport à l’Occident. Nous comprenons mal cet héritage, il est tout à fait éloigné de nos habitudes et nous avons beaucoup de représentations fausses à son sujet. De l'autre côté, les projections locales sur l’Occident sont également très tordues. Je raconte à ma façon cet éloignement entre les deux côtés de l’Europe, sans que ce soit un but défini, un message. Ce n’est pour moi qu’une occasion de création littéraire.

Q : L’Europe de l’Est est-elle pour vous un monde exotique ou au contraire un monde bien trop réel ?
R : C’est pour moi un monde très réel, parce que j’y ai passé pas mal de temps. L’exotisme de ce monde tient pour moi à sa proximité. Ce qui me plaît tant, qui me séduit, c’est une certaine simplicité, que j’appelle simplicité de l’action. Dans cette simplicité, je retrouve ce que j’aimais dans les cultures françaises et européennes. Tout cela a disparu avec l’irruption forcenée et unilatérale, tyrannique, de la culture américaine, les téléphones portables, etc. Et ce que je ne trouvais plus dans ma propre culture, je le retrouvais en Russie et en Ukraine.

Q : Il y a des épisodes mémorables dans ce roman, notamment avec une vendeuse de boucherie sur un marché de Sébastopol, où elle appelle le héros « Lapereau » et veut l’engraisser, ou une scène avec un fruits et légumes caucasien qui lui propose d’acheter littéralement toute sa marchandise.  S’agit-il là d’un désir de refléter l’Ukraine authentique, ou bien c’est juste du grotesque ?
R : J’ai vécu et traversé ces incidents ; je n’avais pas besoin d’inventer, puisque tout était sous mes yeux. Pur « Fantastique Social » comme disait l’écrivain français Mac Orlan. Un Géorgien sur un marché a un jour essayé de me vendre toute sa camelote. Ce qui était loin d’être tragique. Je ne me suis pas laissé faire. Mais il m’avait quand même refilé deux pêches pourries.

Q : Quels traits de caractère, sont-ils susceptibles d’apparaître chez un Français vivant un certain temps en espace post-soviet ? Quelles seront ses métamorphoses ?
La personnalité change toujours quand on vit dans une autre langue. C’est très drôle, mais on ne peut être exactement la même personne dans une autre langue.  Je change aux USA, je change en Russie et en Ukraine.

Q : Dessaignes, le personnage principal de « Milieu hostile » est-il un héros ou un anti-héros ?
R : Difficile de répondre à cette question. En dehors de ça, il existe un autre personnage capital dans ce livre, Loutrel, qui a pris petit à petit presque autant d’importance que celui conçu au départ comme le héros du roman. C’est arrivé spontanément, parce que ce second rôle me plaisait décidément, imaginé à partir d’un modèle défini que j’aimais bien. Qui plus est, j’emploie souvent ce procédé : j’ai déjà fait des romans avec plusieurs personnages en concurrence pour le premier plan du livre.

Q : Dessaignes et Loutrel sont-ils des personnages antagonistes ou bien partagent-ils beaucoup de choses ?
R : Simultanément l’un et l’autre. Ils ont un certain passé en commun, mais aussi, ils ressentent tous deux la nécessité intérieure d’échapper à leur milieu d'origine. Mentalement et psychologiquement.

Q : Pour parler des images de femmes, Elmira la Tatare est belle et pleine de charme, tout en étant très pragmatique dans son désir de quitter Vilnius pour s’installer à Paris. Incarne-t-elle des traits typiques chez les femmes d’Europe de l’Est ?
R : Oui, j’ai souvent vu ce genre de pragmatisme. Mais au fond c’est un mélange de rêverie et de pragmatisme, propre à rendre fou les Occidentaux. Sur le plan littéraire c’est un caractère très productif. Elmira est à mes yeux un personnage réaliste, mais beaucoup moins négatif qu’on ne pourrait le penser.

Q : Votre livre a-t-il une morale ?
R : Non.

Q : Qu’est-ce qu’il donne à ses lecteurs, alors ?
R : J’espère qu’il donne le plaisir de la lecture d’un polar, le plaisir de rêver et d’entrevoir un monde souvent étranger au lecteur. Certains de mes amis ukrainiens ne connaissent pas l’Ukraine que je décris. Je crois qu’il y a pour les Français quelque chose d’inhabituel géographiquement, et pour tous, quelque chose d’inhabituel sur le plan social. Je ne me suis pas fixé pour but de faire une déclaration morale, sociale ou politique, faire la morale, c’est pas mon boulot. Je pense au contraire que le travail du romancier est de distraire les lecteurs, de les inciter à la réflexion et à la rêverie, et pas du tout de leur délivrer un message défini à l’avance. Les aspects esthétiques et sensuels de la création m’occupent beaucoup plus, et ce sont ces énergies que je tente de communiquer au lecteur.
Daria Krayouchkine

20.12.11

Milieu hostile, roman pharmaceutique à l'intrigue trop complexe pour les caves

 Un ancien responsable du médicament a été grassement rémunéré par Servier



Retiré du marché en novembre 2009, le Mediator serait responsable de 500 à 2 000 décès. Cinq millions de personnes en ont pris.
Retiré du marché en novembre 2009, le Mediator serait responsable de 500 à 2 000 décès. Cinq millions de personnes en ont pris.AFP/FRED TANNEAU

Un ancien responsable de l'Agence du médicament devenu ensuite consultant pour l'industrie pharmaceutique, le Pr Jean-Michel Alexandre, a perçu, à ce titre, pas moins de 1,2 million d'euros de rémunération des laboratoires Servier entre 2001 et 2009, révèle Le Figaro lundi 19 décembre.

Le journal écrit que "ce professeur de pharmacologie a été l'un des hommes les plus influents en matière de médicaments en France de 1980 à 2000". Selon Le Figaro, M. Alexandre a été président de la commission d'autorisation de mise sur le marché à l'Agence du médicament de 1985 à 1993, puis directeur de l'évaluation des médicaments de 1993 à 2000 et président du comité des médicaments de 1995 à 2000, avant de devenir consultant pour l'industrie pharmaceutique.
EN POSTE À DES DATES-CLÉS DU SCANDALE DU MEDIATOR
M. Alexandre était "en poste à des dates-clés de l'histoire du médicament" et "notamment en 1995, lorsque l'Afssaps décidait de mettre fin à la vente du Mediator dans les préparations magistrales [les mélanges réalisés par les pharmaciens] mais, pour des raisons jusqu'à présent inexpliquées, pas à la vente en comprimés", écrit le journal. Le Mediator, médicament destiné aux diabétiques en surpoids mais largement détourné comme coupe-faim, a été retiré du marché en novembre 2009. Il serait responsable de 500 à 2 000 décès.

"Du 29 octobre 2001 au 4 septembre 2009, [M. Alexandre] a facturé 1 163 188 euros à Servier, via une filiale dénommée CRIS [centre de recherche international pour la santé]", affirme Le Figaro sans citer de sources. "En paiement des services rendus, Jean-Michel Alexandre a perçu une rémunération forfaitaire payée sur présentation de factures accompagnée d'un rapport trimestriel", ajoute le journal.
"Sa mission consistait, selon les demandes de Jacques Servier, à analyser des dossiers touchant à l'efficacité des médicaments en développement ou déjà mis sur le marché", poursuit Le Figaro. Le journal mentionne les médicaments Vastarel, Protelos, Valdoxan et Procoralan, qui sont actuellement sous surveillance des autorités du médicament.
PAS DE SAISIE DE LA COMMISSION DE DÉONTOLOGIE
Lundi soir, lors du débat à l'Assemblée sur la réforme du contrôle des médicaments, Gérard Bapt (PS) a demandé au ministre de la santé Xavier Bertrand si la commission de déontologie compétente avait à l'époque été saisie lorsque le Pr Alexandre avait quitté ses fonctions publiques pour devenir consultant.
"Il semblerait qu'à l'époque la commission n'a pas été réunie parce que M. Alexandre n'a pas dit qu'il allait effectuer ses activités ensuite, ce qui signifie que l'Afsapss n'a pas été bien curieuse, a répondu le ministre. Je vais regarder pour voir juridiquement ce qu'il est possible de faire en espérant que les faits ne sont pas touchés par la prescription."
Contacté, le laboratoire Servier a indiqué à l'AFP que "le Pr Alexandre, une fois qu'il a quitté ses responsabilités dans le système de santé publique, a travaillé comme consultant pour plusieurs laboratoires" et qu'il "n'a jamais été employé par Servier pendant la période de ses responsabilités aux agences française ou européenne". La somme citée dans Le Figaro "n'est pas confirmée" par Servier.
Le journal précise que, lors de son audition au Sénat, en avril, le Pr Alexandre avait indiqué avoir travaillé "comme consultant scientifique indépendant (...) pour 30 à 40 laboratoires dans le monde". Selon le journal, les montants les plus importants ont été perçus avec les laboratoires Servier.

16.12.11

Les hommes aussi savent aimer

Portrait d'Ava Gardner

Nocheinmals alles zuerts !
De Sergueï Tchoudakov
(Traduit du russe par TM)

Encore des couchants de safran
Sur une montagne sans nom
Brillante encore tu es par intention
Et si inhabituelle par instants
Encore ont sonné ten’o’clock
À l’horloge de la chambre bleue
Encore j’ai bredouillé du A.Blok
Et après le thé, à nouveau vers tes feux
La trompe dans le hall nous convoque encore
Encore confuse la musique
Blouses bariolées kaléidoscopiques
Et seul je te suis à jamais domestique
Ensemble encore nocturne mêlée des corps
Et la gorge tendre d'abricot
(Lèvres et lèvres)… à nouveau…
Mener la danse… Il ne faut
Encore comme chaque matin
Tu es silencieuse, étrangère des lointains
Le nacre d’avant l’aurore
Les perles-étoiles a fardé
(Elle doit) perle enchantée
(Se déverser) étinceler d’une lueur d’or
Circonférence refermée
Inévitable encor !
SergueïTchoudakov

Nocheinmals alles zuerts !
Опять шафранные закаты
Над без имянною горой
Опять намеренно ярка ты
Итак не буднична порой
Опять звенели теноклоком
Часы гостиной голубой
Опять весь день я бредил Блоком
А после чая– вновь тобой
Опять нас в холл зовёт гобой
Опять под переплёски музык
Калейдокоскопы пёстрых блузок
А близок вечно только я
Опять сумбур ночного вместе
И абрикос кость нежных щёк
(Губы губы) … ещё…
…Ненадо… вести
…Опять как в каждое из утр
Ты молчалива и очуждена
Перед рассветный жемчужность
(Переливаться)и сиять
В который раз сомкнув окружность
Неотклонимого опять!
Сергей Чудаков.

12.12.11

Les Grands Ancêtres Inaccessibles

« Je me promets de foutre, en pleine gueule des bourgeois, des romans musclés et pourris dont ils se lécheront les babines. » (Lettre de Francis Carco à Léopold Marchand, 17 octobre 1915.)

10.12.11

Règles de l'antiformat

Mettre ses…œuvres sur la table.

Comme dans l'article d'Arnaud Le Guern:
http://www.causeur.fr/limonov-vous-conseille-marignac,13907
Faim, Folie et Crime, tableau d'Antoine Wiertz

QUATUOR À CORDES        
Dans Milieu hostile, l’intrigue est lente et cuisante, comme la plaie mal refermée laissée par les soviets à quelques degrés à l’Est du formatage atlantiste « cut » des lecteurs de polar occidentaux, gavés de produits cinématographiques ou télévisuels d’origine ou d’inspiration américaine. Au point que toute autre forme de narration les perturbe.
         Dans Milieu hostile, on est au cœur du complot : l’industrie pharmaceutique impose ses exigences et sa marge bénéficiaire au mépris de la valeur d’usage, aux gouvernements, ONG et nomenklaturas médicales ; la presse joue son rôle de charognard au service des uns puis des autres, vendant aussi peu d’information que les labos vendent de soins ; l’Est et l’Ouest dansent maladroitement leur valse-hésitation au gré des tractations et des arrosages constants d’oseille pour graisser les rouages ; les dirigeants changent de discours aussi souvent que de chaussettes. Mais ça ne ressemble pas, me serine-t-on à un polar, et je veux bien le croire, je ne sais pas en écrire, peu familier avec les canons débiles d’un genre plein de détectives imbibés amateurs de quatuors à cordes et de policiers divorcés férus d’humanisme, piétinant dans une enquête laborieuse dont les indices prouveront que les riches sont des pourris et que les meilleurs des pauvres deviennent parfois méchants à force de morfler. 
Sans même parler des tueurs en série tous clonés, néo nazi sous speed à croix de Malte dans l'Idaho, obèse empêché du gourdin de la banlieue de St-Louis, et leurs gravures sur victimes, singés verbatim par les copieurs de Phrance et d'Europe.

 SOLO DU SOLITAIRE
         Peut-être que la plongée dans l’abîme de la perte intime, des amours qui s’effondrent, une amitié qui se déchire, pourrait tirer Milieu hostile vers le « noir », un fourre-tout très sérieux et propre sur lui où l’on glisse ce qui sort du « polar », mais où traînent quelques cadavres homicidés.  Toutefois l’insistance, le trait qui redouble l’intrigue géopolitique d’une intrigue humaine ressemble trop à de la littérature générale, un label qu’on ne va tout de même pas m’accorder, ce ne serait pas un service à me rendre.
         Et puis les poules de Milieu hostile, transfuges intimes de la femme soviet, ne sont ni avocates à Manhattan, ni portoricaines dans le Bronx. Les lascars n’ont aucune ascendance irlandaise, les drogues ne viennent pas de Colombie, on les bricole soi-même à Kiev et Sébastopol, on les confectionne à Vilnius, on les interdit à Paname. Si le retour de la vieille équipe de staliniens aux affaires d’Ukraine est au centre du roman, il n’y a donc pas le moindre gangster mexicain ou caïd maniaco-dépressif à la Scorcese. D’ailleurs, Milieu hostile, ça ne se passe ni à Chicago, ni dans l’East End, ni à Marseille. Mon casier judiciaire s’alourdit.

DÉCERVELAGE POUR TOUT L'ORCHESTRE
         Peut-être que Milieu hostile aurait pu être reconnu par le genre noir, à l’époque, quarante ans en arrière où il représentait l’antidogme, foisonnant, inventif, part maudite de la société , quand, par exemple, Viard et Zacharias adaptaient L’Iliade et Hamlet dans la France des Trente Glorieuses, que Siniac inventait les personnages de La Cloducque et Luj’ Infermann, que Dard pondait l’inoubliable Une Seconde de toute beauté — qu’on rangeait les implacables mécaniques Guerre Froide de Len Deighton en collec polar version espionnage. Avant l’irruption des doctrines. Quand le polar n’était pas encore un Milieu hostile.
Thierry Marignac, décembre 2011

1.12.11

L'automne du solitaire

Essenine et Isadora Duncan

Qu'il est bon…

(Vers traduits par TM)

Qu'il est bon dans l'automnale fraîcheur
De secouer l'âme pommier au souffle du vent,
Et contempler sur le ruisseau, serpe tranchant
Les eaux bleues, du soleil darder l'ardeur.

Qu'il est bon du corps s'arracher
Des chansons le clou perçant
Dans un vêtement de fête blanc
Attendre l'instant où frappera l'invité.


J'apprends, j'apprends avec mon cœur
À garder, au fond de l'œil, du merisier la fleur.
Les sens se réchauffent dans l'avarice uniquement
Lorsque le thorax brise le courant.


Du tintement des étoiles en silence résonne
Que grésille la lueur de l'aurore en feuilles mortes.
Dans ma chambre, je ne ferai entrer personne,
À personne je n'ouvrirai ma porte.

Sergueï Essenine

Хорошо под оссенюю свежесть
Душу-яблоню ветром стряхать
И смотреть, как речкою режет
Воду синюю солнца соха.


Хорошо выбивать из тела
Накляющий песни гвоздь.
И в одежде празднично белой
Ждать когда постучиться гость.


Я учусь, я учусь моим сердцем
Цвет черемух в глазах беречь
Только в скупости чувства греются
Когда ребра ломает течь.


Молча ухает звездная звонница,
Что ни лист, то свеча заре.
Никого не впущу я в горницу,
Никому не открою дверь.


С. Есенин, 1918-1919

20.11.11

Librairie Itinéraires, 26/11/2011


La LIBRAIRIE ITINERAIRES
                                           vous invite 
(60 rue St-Honoré, Paris 75001)
                        SAMEDI  26  NOVEMBRE   dès  16 h

                 à passer une après-midi insolite en compagnie de


                      


THIERRY  MARIGNAC
écrivain,  traducteur,
qui dédicacera  son nouveau roman « milieu hostile »
Editions BALEINE
      





Même si Thierry a passé une grande part de sa vie hors de  France et que ses romans sont consacrés aux  gens d’autres pays, les voyages où il amène ses lecteurs passent loin de la recherche du « typique » et les expatriés qui peuplent ses romans ne sont pas ceux que l’on croise aux soirées de l’ambassadeur.            .  Partout où le conduisent ses missions et son destin Thierry veut découvrir le dessous de la vie. Comme un chirurgien passe avec son scalpel pour trouver la racine de  maladie, Marignac perce le corps des sociétés pour mieux comprendre les paradoxes du monde.  
     
Avec son nouveau roman n’attendez pas que Thierry Marignac vienne vous caresser dans le sens du poil; l’Ukraine où il vous emmène n’est pas celle des coupoles d’or de Kiev ni des danses villageoises…les héros sont bien fatigués. Au service d’ONG, ils rament dans les méandres des  programmes d’assistance de l’Union Européenne qui se transforment en armes de corruption massive aux mains de laboratoires pharmaceutiques avides.
 «  De Sébastopol, il voyait la tête de cet enfoiré, petit, râblé, ricaneur, prolo monté en grade, souffrant comme une bête d’avoir échoué dans son poste de médiocre, ni à l’Est ni à l’Ouest…. »

Dans une interview Thierry a dit : « Je ne suis ni optimiste, ni pessimiste, juste sceptique. »  Mais il ne serait pas juste de finir le portrait de Marignac sur ce ton mineur; n’oublions pas que Thierry a traduit des dizaines de livres d’auteurs russes et américains. Et son engouement pour la poésie cache probablement une autre partie de sa personnalité qu’il dissimule soigneusement.  

Venez donc à la rencontre de cet auteur énigmatique samedi 26 novembre !
  
                         

16.11.11

Le Bloc de Jérôme Leroy


JÉRÔME LEROY DÉBLOQUE À LA SÉRIE NOIRE (J'VAIS T'EN REFILER!)
Le grand jour, que je reculais quotidiennement depuis quelques semaines, est arrivé : chroniquer le livre de Jérôme portant sur l’extrême-droite, à la SN. Plusieurs raisons à ma valse-hésitation, mais j’avancerai tout d’abord celle qui figure pour moi en haut de la liste : il n’est un secret pour personne que mon Fasciste, paru en 1988, m’a valu une casserole que j’entends résonner aujourd’hui encore à mes basques. Mon refus de me justifier à l’époque, moi qui n’ai jamais milité nulle part, en était la raison essentielle. Que la provo reste une provo. Mon éditeur, Olivier Cohen, fasciné au premier abord par le bouquin, avait suggéré de l’intituler Le Fasciste ou Un Fasciste, pour s’en distancier. Pas question, avais-je répondu avec l’arrogance de la jeunesse. Par la suite avec sa clique, il devait saboter le bouquin, qui ne se vendit correctement qu’en poche, chez Pocket. En effet, son accès média, constitué de la gauche qu’on n’appelait pas encore caviar, en dépendait. Les éditeurs font souvent preuve de ce genre de panique. J’ai connu ça plus tard avec Guérif (Rivages/Noir), et avec Masson (SN), lorsque j’ai osé défier la chapelle manchetto-ellroyenne du polar, celle, constituée de médiocres, qui a besoin d’une doctrine pour écrire, ceci expliquant cela.  Donc, il s’agit d’un souvenir mi-figue, mi-raisin. Pas travaillé pendant deux ans, ensuite. Crevé la dalle. Bon, j’en suis fier évidemment, mais surtout a posteriori— Un léopard meurt avec ses taches  comme dit Jérôme Leroy, sale type qui a réponse à tout. L’affaire restait un hématome, tout de même, dans ma mémoire.

LA NUIT DES LONGS COUTEAUX
Jérôme Leroy a repris dans Le Bloc l’équation de l’échec du romantisme en politique et des purges qui s’ensuivent, qui était le thème de Fasciste, et dont il me devait me dire, il y a quelques semaines : Oui, Thierry, La Nuit des Longs Couteaux, quel autre sujet ? Prouvant par là sa finesse, et notre communauté de vues spontanée. Pourtant Leroy est communiste et militant,  il pense que sa prose porte une partie de l’horrible travail à infliger au Vieux Monde, et Dieu sait que j’objecte. Pour le romancier, les idées sont matériaux de rêve et non outils pour l’action, si « engagé » qu’il se déclare. J’en veux pour témoin mon ami Limonov manœuvré à tous les carrefours par les briscards de la politique, et si on peut lui pardonner Douguine, génie théoricien parlant neuf langues, comment lui pardonner Jirinovski, médiocre bureaucrate mûri sous les soviets, histrion de seconde zone ? Le seul succès de Limonov — mais il était de taille —  ami qui me valut lui aussi tant d’inimitiés, c’était d’avoir réussi, dans le cauchemar des années Yeltsine, à constituer quasiment le seul pôle contre-culturel dans son pays de troubles et d’ignorance. Mais c’est encore un succès d’écrivain, fût-il politique au énième degré.
Amis depuis deux décennies, nous partageons, Jérôme Leroy et moi, loin d’être toujours d’accord, cette histoire déchirée des lettres, du continent d’abondance en perdition où nous vivons — régulièrement brouillés, puisque c’est un militant, et personnellement, je suis un engagé de l’anti-engagement.


CADRE-COMMANDO
Il devait, avec Le Bloc dédoubler en deux personnages le concentré de violence et de rêverie que j’avais placé pour Fasciste entièrement chez le bourgeois perdu Rémi Fontevrault —  réminiscence inconsciente de Genet, le Journal du voleur : …De toutes les centrales de France, Fontevrault, je crois, est la plus troublante. Il reprenait l’Histoire où je l’avais laissée : la désindustrialisation qui nous donne le lumpen du Nord de la France bientôt rouage essentiel, cadre commando,  Et le tour tordu qu’ont pris tous les rêves du monde sans issue de lavie.com  nous donne l’intellectuel revenu de l’engagement (Jérôme !… Tu ne recules devant rien, tu devrais avoir honte !…), Pygmalion du bas du front nordiste dont il a fait un soldat d’élite— avant de le  vendre finalement pour la femme leader du parti, un trait de l’intrigue où je vois pas mal de ruse de la part de l’auteur en quête d’une histoire à la hauteur de son originalité. Pour des raisons de goût et d’esthétique, je n’aime pas beaucoup le : Je suis devenu fasciste pour un sexe de fille. J’admets toutefois, que c’est une première phrase spectaculaire, ce qui a sa valeur en soi,  que l’âge m’a peut-être rendu puritain, ce qui est inquiétant, et contrairement à ce que j’ai lu jusqu’ici, j’y vois une vraisemblance. On a reproché à cette phrase de ne pas être crédible puisqu’une femme leader politique a autre chose à faire. Eh bien, au-delà de DSK — grand-bourgeois partouzard tout à fait classique qu’on aurait absous de ses péchés comme on exonère tout un chacun dans ces univers politiques de faux-semblants, s’il n’avait été un enjeu vital au FMI— je ne vois pas pourquoi les femmes n’auraient pas elles aussi une fringale sexuelle décuplée par l’ambition. Je ne vois pas pourquoi un rêveur congénital comme l’intellectuel qui lui sert de mari ne serait pas fasciné lui aussi, par rebond, par ce vertige de pouvoir. Au contraire, je pense que c’est une habileté supérieure de raconteur d’histoire chez Leroy qui met en place un mécanisme aussi subtil — et menant à la trahison  d’un ami homosexuel. Mais tout est déjà depuis longtemps délavé des fantasmagories grandioses de leurs débuts sur le théâtre du monde, et de l’extrême-droite. C’est le monde d’après.

SANS MERCI
Je note également que c’est un des meilleurs romans de Leroy, ne serait-ce que pour une simple raison : cette regrettable manie de la référence, il s’en sert ici de main de maître, elle est un élément de l’histoire qui a droit de cité. Dieu sait que je l’ai critiqué pour ces références constantes qui détournaient le lecteur de l’affaire en cours. C’est Jack Vance, auteur du genre de SF des années 1970 dont Leroy se réclame, qui ne voulait jamais qu’on le représente ou qu’on parle de lui, en se justifiant en ces termes : C’est déjà assez dur comme ça de faire avaler à un lecteur l’univers que vous lui proposez, sans s’interposer entre son imagination et votre roman. Parole d’Évangile, selon moi. Mais ce roublard de Leroy et sa culture littéraire de droite ont réussi à servir son dessein cette fois avec une justesse confondante.
Je remarquerai encore, que saisi par le livre — à mon corps défendant — je l’ai lu en une seule nuit, en raison d’une certaine qualité d’âpreté sans merci que Leroy avait rarement concentré avec tant de violence et d’efficacité dans ses livres « communistes », mais c’est surtout pour lui tirer la bourre.
(Le Bloc, Jérôme Leroy, Série Noire, Gallimard, vous verrez bien le prix vous-mêmes).
THIERRY MARIGNAC, NOVEMBRE 2011.

8.11.11

Bel hommage d'un ami rocker à Milieu Hostile

Mon ami L'Unwalker rend hommage à Milieu Hostile. Sans prendre de gants, sans médiator, les doigts sanglants, comme un riff bien crasseux.

7.11.11

À QUESTIONS ABSURDES, RÉPONSES LOUFOQUES

L'ami Claude Le Nocher est un des rares chroniqueurs de polar — race conformiste d'abrutissement et d'obédience puritaine manchetto-ellroyenne  de gauche— à avoir de l'humour. Nous ne savons résister au plaisir de reproduire son interview tordue, publiée aujourd'hui 7/11/2011, et cerise sur le gâteau, sous une critique du superbe classique de la came Drugstore Cow-Boy, réédition avec la photo en couverture du vieux Burroughs pape de la défonce, et de Matt Dillon, tirée du film — une séquence au centre de désinto, où on a surnommé Burroughs ÷ "The Priest".
Nous ne saurions trop recommander la lecture du blog de Le Nocher,http://action-suspense.over-blog.com/, à la fois modeste humoristique et sérieux.


Nos z’amis z’auteurs de polars ont accepté de répondre à l’interview express 2011 d’Action-Suspense, une nouvelle série dans l’esprit des Portraits Chinois. Ils nous donnent chacun leur version, amusée ou sérieuse, aux six questions décalées qui leur sont posées.
Aujourd’hui : Thierry Marignac
 
L’ambiance de vos romans, c’est plutôt : Soleil bruineux sur jungle urbaine, ou Grisaille radieuse sur cambrousse pittoresque ?
Si mes décors sont rarement bucoliques — j’ai plutôt la main noire, mes critiques diront la main lourde voire la main au panier, que la main verte — la météo, c’est, semblable aux femmes, ces chères créatures parfumées, ce qui ou qu’on change. On ne niera pas ici les mérites immédiatement glaciaires du ciel lourd béton froid, mais le contre-emploi a ses avantages, et j’ai préféré pour mon petit dernier "Milieu hostile" (éditions Baleine), situé en Ukraine, dépeindre la Glaçonnie l’été, suffocante, écrasée de soleil.
Vos héros sont plutôt : Beaujolais de comptoir, ou Double whisky sec ?
On touche là à une affaire de la plus extrême importance. Et pas si facile qu’une première approche purement micro-comptoir ne pourrait le laisser supposer. Le prisme franco-américaniste défini dans les termes ne me convient pas bien. Pour des raisons de goût et d’esthétique, je ne touche pas au vin rouge, difficile donc d’en parler. Je suis beaucoup plus cultivé sur le Scotch, et lâchez-moi avec vos tourbes fumées à vous emporter le bec, ou plutôt buvez donc votre réglisse infâme en vous croyant raffiné, tandis que dans les Midlands on fabrique du rond, de l’enthousiaste révélateur de céréales.
Mais depuis quatre romans je suis à l’Est en général sur un tord-boyau tantôt incolore tantôt caramel trouble, certes lui aussi vaguement fondé sur du grain dans le meilleur des cas, mais plus apprécié pour la brûlure sur les papilles que pour ses notes boisées de banane et fruits rouges… Donc pas de double whisky non plus.
La véritable maîtrise viendra lorsque je saurai expliquer en mots pourquoi une Duvel est une classique indémodable et possible en journée, tandis qu’une Westmalle triple est un démoniaque breuvage de sorcières dont les origines remontent certainement à la grotte de MacBeth, et quel romantisme déplacé me permet d’aimer la Baltika n°9, bière d’alcoolique pur et de junkies à laquelle on rajoute de l’alcool pour la faire grimper en tonnage — à peine plus raffinée qu’une 8,6 de fumeur de crack.
Vos héros sont du genre : J’aime personne, ou Je me déteste ?
Je me déteste peut-être mais je ne vous aime certainement pas assez pour vous le dire. Dans la mesure où, comme on dit en série noire, J’ai pas de frangin, c’est pas non plus vos oignons, vous cherchez les pépins.



Vos intrigues, c’est : J’ai tout inventé, ou Y a sûrement du vrai ?
Ce questionnaire franchit les limites du tolérable !… À une époque où l’information toute entière est une entreprise de décervelage du client, fondée sur des sommaires techniques de mensonge mis en scène, qu’on ne reprochera jamais assez à l’obscénité télévisuelle, la fiction a le devoir d’éclairer la réalité du planétaire complot poudre aux yeux. N’importe éclat de vérité, fût-il infime, campé avec audace dans les ambiguïtés et paradoxes du temps présent illumine le théâtre du monde — inoubliable lueur du rêve interdit…
Vos intrigues sont : Des torrents imprévisibles, ou Des fleuves canalisés?
Tout est prévu de A à Z dans l’imperturbable logique bulldozer de l’époque contemporaine, calculé au millimètre selon une architecture à la conception inouïe, tant sur le macrocosme que sur l’infinitésimal, un plan informé par les découvertes les plus récentes, alimenté à flux tendus grâce à un système de communication en-ligne susceptible d’orienter l’intrigue dans ses moindres détails au fur et à mesure de l’évolution darwinienne du Schmilblik selon les lois du cosmos et des courbes libidinales de l’auteur — tout de même vieillissant, susceptible d’avoir recours aux stimulants chimiques qui suppléent à l’impuissance, et qui — eussent-ils été mis au point il y a cinq siècles — nous auraient privés de nombreux chef-d’œuvres de l’art classique. Mais cela ne nous regarde pas.
Quel est votre propre état d’esprit : C’était mieux demain, ou Le futur c’est maintenant ?
La régression — en anglais Reverse Flash-Back — vers le gâtisme émerveillé, et légèrement aborigène gogol devant un bout de miroir ou une ampoule qui clignote, un bolide arrivé avant de partir, une télécommande qui couine, un téléphone portable contraceptif et j’en passe, quoique symptôme du gâtisme contemporain généralisé — en français moderne Alzheimer — nous ouvre les portes des lendemains radieux que le grand Staline lui-même a bien failli ne pas promettre aux masses, agacé qu’il était ce jour-là que les Ricains aient la bombe avant lui. Une histoire à faire fusiller son majordome pour le remplacer par un robot.
 
Un grand merci à Thierry Marignac. Son nouveau roman "Milieu hostile" (Ed.Baleine) sera bientôt chroniqué ici. On peut aussi lire mes articles sur ses précédents titres : "Renegade boxing club", "Le pays où la mort est moins chère", "Maudit soit l'Eternel". Thierry Marignac a répondu au "Portrait Chinois". On peut lire une nouvelle inédite de cet auteur dans le n°10 du magazine L'Indic.