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30.6.17

La technique du mensonge éhonté

         
Notre ami Mark Ames, qui ricanait de la déconfiture de CNN et autres médias grand public, nous a fait le plaisir de nous envoyer ce lien, pour les lecteurs anglophones:

     Le New York Times retire finalement ses allégations bidon de RussiaGate
         Par Robert Parry
Exclusif : Un des mythes fondateurs du Russiagate est que toutes les 17 agences de renseignements américaines ont conclu que la Russie avait hacké et distribué les courriels du Parti Démocrate, un mensonge que le New York Times a finalement démenti, rapporte Robert Parry.
         Le New York Times a fini par admettre que l’une de ses infos bidons favorites — l’accord de 17 agences de renseignement américaines sur le hacking des courriels du parti Démocrate — est fausse.
         Jeudi, le NYT, a publié un errata suite à un article daté du 25 juin 2017, qui avait répété cette fausse information, utilisée par les Démocrates et les médias grand public depuis des mois pour écarter tout doute possible sur les fondements du scandale Russiagate et dresser un portrait du président Trump comme sujet aux hallucinations puisqu’il doutait de ce dont toutes les 17 agences de renseignement étaient censées avoir la certitude.


         Dans le memorandum de la Maison Blanche du 25 juin, Maggie Haberman se moquait de Trump pour avoir « encore refusé de reconnaître un fait élémentaire sur lequel s’accordent 17 agences de renseignement américaines desquelles il est à présent responsable : La Russie a orchestré ces attaques qui l’ont aidé à être élu. »
         Cependant, jeudi, le NYT — tout en laissant l’essentiel de la ridiculisation de Trump — notait dans un errata, que « Cette suggestion a été émise par quatre agences de renseignement — le Bureau National du Directeur du Renseignement, la CIA, le FBI, et la NSA. Cette suggestion n’a pas été approuvée par toutes les 17 agences de renseignement ».
         La correction à contrecœur du NYT justifiait les doutes d’un certain nombre de sceptiques qui doutaient d’une évaluation plein pot du renseignement national, laquelle aurait en principe pris la forme d’une Estimation du Renseignement National, un produit qui cherche l’opinion de toute la communauté du renseignement, et inclut des opinions divergentes.
         La réalité d’une hypothèse aux fondations plus étroites de Russiagate a été admise en mai par le directeur du Renseignement National James Clapper, et le directeur de la CIA John Brennan (tous deux nommés par Obama) dans un témoignage au Congrès sous serment.
         Clapper a témoigné devant un sous-comité du Sénat le 8 mai que le hacking russe était originaire « d’une évaluation spéciale de la communauté du renseignement », produite par des analystes sélectionnés de la CIA, NSA, FBI, « Un produit coordonné par ces trois agences — pas par les 17 de la communauté du renseignement », a dit l’ancien DNI (Director of National Intelligence).
         Clapper a plus tard reconnu que les analystes qui ont produit l’évaluation du 6 janvier sur le supposé hacking russe avaient été choisis dans les rangs de la CIA, du FBI, et de la NSA.
         Pourtant, n’importe quel expert du renseignement vous le dira, si vous «désignez » les analystes, vous choisissez en réalité la conclusion. En l’occurrence, si les analystes en questions étaient connus pour être des ennemis de la Russie ou des partisans de Hillary Clinton, on pouvait s’attendre à ce qu’ils donnent le rapport qu’ils ont donné.
         

         LE RENSEIGNEMENT POLITISÉ
          Dans l’histoire du renseignement américain nous avons pu voir les résultats de cette démarche sélective, comme la détermination bidon de Ronald Reagan à attribuer la tentative d’assassinat de Jean-Paul II et d’autres actes de terreur à l’Union Soviétique.
         William Casey, directeur de la CIA, et son adjoint Robert Gates ont fait évaluer les indices par des analystes dociles et écarté ceux qui objectaient à la politisation du renseignement.
         La raison pour laquelle on convie la communauté du renseignement au sens large — et qu’on inclut des points de vue divergents dans le rapport final — c’est de se protéger d’une telle « mise-en-tuyau » du renseignement qui livre le résultat politique souhaité mais déforme la réalité.
         Un autre exemple douloureux de renseignement politisé est l’Estimation du Renseignement National  sous G.W.Bush sur les Armes de Destruction Massives de l’Irak qui supprimait l’opinion du Départements d’État et d’autres voix discordantes dans la version donnée au public.
         Depuis le témoignage de Clapper et Brennan au mois de mai, le NYT et d’autres organes d’info grand public ont évité toute contradiction directe avec leurs assertions précédentes en se référant simplement à un « jugement de la communauté du renseignement ».

         Cette gestion finaude de leurs erreurs grossières a permis à Hillary Clinton et d’autres Démocrates de continuer à parler d’un consensus imaginaire sans contradicteur, du moins dans les médias grand public.
         Par exemple, le 31 mai, dans une conférence sur la technologie en Californie, Clinton a fait référence au rapport du 6 janvier, affirmant que « 17 agences toutes d’accord, c’est difficile à obtenir, je le sais par expérience en tant que sénatrice et Secrétaire d’État. Elles ont conclu que les Russes avaient conduit une guerre de l’information contre ma campagne, pour influencer les électeurs ».
         Que tous les organes d’information les plus importants n’aient pas clarifié ce point majeur a pu contribuer à l’erreur de Haberman le 25 juin, tandis qu’elle répétait la pensée moutonnière.
         Mais les corrections à retardement du NYT soulignent le sentiment grandissant que les médias grand public américains se sont lancés dans une vendetta politique contre Trump au point de mettre de côté toute déontologie et de répéter des accusations mensongères contre lui.
 (…)

         Robert Parry a couvert de nombreux reportages d’investigation dans les années 1980, notamment sur le scandale Iran-Contra (combine de fournitures d'armes aux guérillas anticommunistes du Nicaragua, achetées en Iran et transitant par Israel, où fut compromis et condamné — légèrement — le colonel de   marines Oliver North sous l'administration Reagan, pour laquelle il porta le chapeau) pour Associated Press et Newsweek.