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11.8.11

Limonov et Carrière d'Encaustique




Couverture du recueil "Le vieux pirate"

Il pleut des coups durs
On va encore dire que je suis jaloux, aigri, infréquentable et tutti-quanti, mais à certains moments, le pied ne peut s’empêcher de se crisper dans la godasse pour le coup de latte au train, et je vous assure, il ne s’agit pas de célinisme mal placé. En effet, il se trouve qu’Emmanuel Carrière d’Encaustique vient de pondre une bio d’un de mes plus vieux potes, en l’occurrence Édouard Limonov, sachant qu’il le connaît à peine, l’ayant vu deux fois pendant les quatorze ans qu’Édouard a passé à Paname, et que ses écrits sur le vieux punk bargeot de toutes les Russies n’empêcheraient pas une rombière de Saône-et-Loire de s’endormir sur le chef-d’œuvre, en écoutant Richard Claydermann. Le sieur Encaustique a un style policé — surtout je m’engage pas trop — et son audace la plus ébouriffante, consiste à dire qu’il ne le juge pas !…
La dernière fois que j’ai vu Édouard, il y a deux ans à Moscou au mois de juillet, après toutes nos aventures, dont une — en 2001— a failli me faire échouer au goulag ou peu s’en faut, en tout cas une séance que je ne recommanderai à personne avec le FSB, je l’ai salué d’un « Comment ça va vieux pirate ?… » qui lui a donné le titre de son dernier recueil de poésie, Le vieux Pirate.
Bon, pour être tout à fait honnête, il vaut mieux que ce soit Encaustique qui l’ait écrit, sachant qu’avec ses prix littéraires et sa daronne académicienne, le livre a plus de chances d’attirer l’attention que si c’était votre serviteur qui l’avait rédigé — je suis voué aux gémonies pour mes péchés d’insolence face à la tartufferie Phrançaise, et maintenant mondialisée. Néanmoins — et c’est une litote par rapport à la lénifiance d’Encaustique, le fils à maman — je ne sais pas le dire en français : My prose packs a punch !… Il se trouve que je connais Limonade depuis 30 ans — ayant fait sa connaissance en 1981 pour être précis — que je n’ai plus besoin de raconter que je me suis marié en 1985 avec Medvedeva pour qu’elle reste en Phrance avec lui, et que — bien que ne partageant pas ses convictions russo-russes héroïco-tralala — il fait cependant lui aussi, partie de mes amis Antifessebouc !…
Dans l’univers de chapelles et de coteries phranco-phrançaises, même si j’écris sur Édouard depuis toujours, ayant remarqué avant tout le monde qu’il s’agissait d’un destin hors-normes, il va de soi que l’oseille et la notoriété vont à Encaustique, qui n’en a pas besoin, vu qu’il est né dedans. Carrière cirée d’avance m’avait du reste contacté il y a quelques années pour avoir des détails sur Édouard — il en savait si peu — avant de se raviser, vu qu’il avait appris sans doute que ses romans à faire pleurer d’ennui ne m’inspiraient qu’indifférence.
Bref, ça n’est pas si grave. On s’y fait. On ne prête qu’aux riches. C’est à dire que les riches se prêtent à eux-mêmes. Une conjoncture tendancielle qui a posé des problèmes sociétaux, ces derniers temps, notamment en Angleterre.
TDM, Août 2011.