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5.10.14

Aussi fort que ça me tracasse, parfois le Parnasse, avait une sacrée classe !…

Je ne recommanderai à pas âme qui vive le site sur lequel j'ai retrouvé ce petit chef d'œuvre, pourtant écrit par un des casse-pieds en chef de mon enfance sous l'école gaulliste. Sulfureux, on va encore m'accuser d'être un Antéchrist, où ce qui en tient lieu dans le néo-conformisme en vigueur. De plus, ce site bondieusard avait, semble-t-il, négligé la dimension anti-chrétienne de l'auteur des lignes qui suivent, diablement — païennement ?… bouddhiquement ?… indouistement ?… — prophétiques, redoutablement CONTEMPORAINES.
Enfin, on notera une curieuse parenté d'esthétique entre le poème qui précède du Russe Alex Timo, de son formalisme — sur le thème du gladiateur, éminemment parnassien — et de la rigidité des règles et canons de l'auteur du XIXe siècle.










Vous vivez lâchement, sans rêve,sans dessein,
Plus vieux, plus décrépit que la terre inféconde
Châtrés dès le berceau par le siècle assassin
De toute passion vigoureuse et profonde.


Votre cervelle est vide autant que votre sein,
Et vous avez souillé ce misérable monde
d'un sang si corrompu, d'un souffle si malsain,
Que la mort germe seule en cette boue immonde.


Hommes, tueurs de Dieux, les temps ne sont pas loin
Où, sur un tas d'or vautrés dans quelque coin,
Ayant rongé le sol nourricier jusqu'aux roches,

Ne sachant faire rien ni des jours ni des nuits,
Noyés dans le néant des suprêmes ennuis,
Vous mourrez bêtement en emplissant vos poches.

LECONTE DE LISLE
(Paru dans Poèmes barbares, 1862).