Cyrano
Moi, c’est
moralement que j’ai mes élégances,
Je ne m’attife
pas ainsi qu’un freluquet
Mais je
suis plus soigné si je suis moins coquet ;
Je ne
sortirai pas avec, par négligence,
Un
affront pas très bien lavé, la conscience
Jaune
encor de sommeil dans le coin de son œil,
Un
honneur chiffonné, des scrupules en deuil.
Mais je
marche sans rien sur moi qui ne reluise
Empanaché
d’indépendance et de franchise ;
Ce n’est
pas une taille avantageuse, c’est
Mon âme
que je cambre ainsi qu’en un corset,
Et tout
couvert d’exploits qu’en rubans je m’attache,
Retroussant
mon esprit ainsi qu’une moustache
Je
fais, en traversant les groupes et les ronds
Sonner
les vérités comme des éperons.
Le
Vicomte
Mais,
monsieur…
Cyrano
Je n’ai
pas de gants ?… La belle affaire !
Il m’en
restait un seul… d‘une très vieille paire,
Lequel m’était d’ailleurs fort importun :
Je l’ai
laissé dans la figure de quelqu’un.
Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand.