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2.6.11

Vermine épicemards



LE POLAR FRANÇAIS DES MANCHETTO-ELLROYURES ET MOI.
« …Sans aucun parti pris de débinage, Vendredeuil s’étonnait un peu, par exemple, de la docilité et de l’empressement des littérateurs de son époque à s’enrôler sous une bannière. Les écoles poussaient comme des champignons ; il pleuvait des chers maîtres. Partout des chapelles ; partout des théories qui étaient comme autant de petites religions avec lesquelles il ne fallait point rire, et qui avaient leurs pontifes et leurs sacrificateurs. Non, réellement, il n’aurait pas voulu se mettre à la place des fidèles, quand même on lui eût promis de lui faire porter, dans les processions, une des colonnes du dais sous lequel marchait le grand-prêtre. Il aimait mieux rester libre, sans chef — et sans drapeau — que de se soumettre à une règle, d’accepter le respect des formules en vieux neuf et de se découvrir pieusement devant les mites de traditions reprisées comme de vieux bas par de maladroits ravaudeurs. Il savait bien qu’il se privait ainsi de la connaissance des procédés pour chef-d’œuvre et des recettes pour livres à succès ; mais ça lui était égal.
D’ailleurs, il n’aurait pu faire autrement : il n’avait ni la bosse de la discipline, ni celle de la vénération. C’était pour cela, sans doute, qu’il ne pouvait parvenir à comprendre des choses fort pénétrables probablement, étant donné l’envahissement progressif de l’orgueil : la rage de se précipiter, pour y jeter d’hypothétiques métaux, sur les moules usés dans lesquels avait coulé l’alliage douteux des hauts prélats qui étaient arrivés à passer dans la bouche baveuse du public, le mors à grenouille de leur doctrine. »
Georges Darien, Les Pharisiens, 1890.