29.10.17

Épitaphe

Affiche du film soviet Une Histoire banale.

            И он узнал что смерть не пустота,
         Не одиночества, а негатив былого,
         Хранящий только общие места
         После того как сказанное слово
         Покинуло холодные уста.
         Андрей Грицман, 1977, Наедине с собой.

         Et il apprit que la mort n’est pas le vide,
         Ni la solitude, mais une existence négative,
         Qui ne garde au chaud que les lieux communs,
         Quand la parole a quitté
         Les bouches refroidies.
         Andreï Gritsman, 1977, Tête-à-tête avec soi-même.
(Traduction TM)

25.10.17

Élégies kazakhes pour H.P.

         
Bakhytjan Kanapianov, poète Kazakh, dont les vers élégiaques accompagneront l'ami H.P., qui aimait tant les lointains,
et aurait bien ri de l'ironie du sort.



               (Présentation et vers traduits du russe par TM)
                  Bakhytjan Kanapianov — est un poète Kazakh renommé, scénariste, traducteur et travailleur social. Son nom est célèbre parmi les amateurs de poésie ; ses vers sont traduits dans des dizaines de langues, dans l’étranger proche et lointain. Les vies et destins de B.Kanapianov sont liés avec la pléiade légendaire des poètes « des années 1960 » Andreï Voznessenski, Bella Akhmadoulina, Oljass Souleïmenov.
         Dans son recueil « Perspective inversée » sont rassemblés des vers de différentes époques. Ces « Versiéclibres » (selon l’expression de A. Voznessentski) saturés du bourdonnement des mégapoles contemporaines et simultanément du rythme éternel de la Grande Steppe, sont présentés aux amateurs français.
Kira Sapguir, Octobre 2017.



         Nous sommes venus d’on ne sait où,
         En partance pour on ne sait où.
         Refusé, le dernier crédit,
         De tous ces ans, écoulés, indécis.

         Peut-être que vers la mer ultime
         Nous mènent finalement les chemins du destin.
         Là où vers l’astre nous attire en essaim
         La limaille de grâce des prédictions éponymes.

         Ma parole on a deviné
         Sur les lignes des broderies sacrées
         Brillait fugace en gitane égarée
         Ma muse sans domicile, rescapée.

         Et cachant la ligne dans une disquette
         Apparaît de l’autre côté
         L’image vue par le poète
         Céleste, au point du jour rêvée.
          Bakhytjan Kanapianov.


Пришли неизвестно откуда,
Уйдем неизвестно куда.
Последняя выбита ссуда
На смутные эти года.

Быть может, к последнему морю
Выводит дорога судьбы,
Где к звездному тянется рою
Блаженная пыль ворожбы.

Мне слово мое нагадали
На строчках святого шитья.
Мелькнула цыганкою в шали
Бездомная муза моя.

И, прячась строкою в дискету,
Проступит на той стороне

Тот образ, что виден поэту
В небесном предутреннем сне.
       Бахытжан Канапянов

         


         On vit, comme si on avait l’éternité devant,
         On remet les projets à plus tard.
         Dans l’âme une insouciance d’enfant
         Tant que du tonnerre ne retentit pas le tintamarre.

         La porte s’entrouvre sur le calendrier des temps,
         Je désire que la chance nous sourie, authentique.
         Notre séjour sur cette terre nous allons consumant…
         Sous la cendre nous attend une date fatidique.
         Bakhytjan Kanapianov.

         Живем, как будто впереди нас вечность,
Отодвигая планы на потом.
И по душе нам детская беспечность,
Как говорят – пока не грянет гром.

Дверь приоткрыта в календарь эпохи,
Желаю, чтобы все же повезло.
Пережигаем мы земные сроки...
Под пеплом где-то вещее число.
Бахытжан Канапянов

24.10.17

Les funérailles d'Hervé Prudon

Ce matin, dans une fine pluie d'automne, on a dit adieu à Hervé Prudon, au Père Lachaise, où est venu si peu de monde, tandis que les tartuffes de l'église polar pleurent leurs larmes de crocodiles — eux qui l'ont enterré vivant. Aucun 813, aucun afficionado du manchetto-poulpisme, cette vache à lait — les apparatchiks minables d'un infra-milieu de médiocres. Son dernier éditeur avait envoyé une domestique de la chapelle, cireuse de pompes abrutie de cet univers de nuls, faire les grandes déclarations, si haïssables en ces circonstances, d'usage dans leur monde d'hypocrites — au lieu de se déplacer lui-même, prétextant une impossibilité. Il aurait pu au moins fermer sa gueule. Tout comme les autres auraient pu, pour une fois, éviter de montrer leur belle âme sans scrupules, sans foi et sans honneur — mais tellement compatissante quand l'auteur a passé l'arme à gauche.
Nous sommes quelques-uns, qui aimions et soutenions Hervé Prudon de toutes nos forces, à savoir qu'il méprisait ces larves.
Aucune autorité de l'édition (ni journaliste) ne s'est déplacée (sauf des gens du cinéma et du théâtre, on ne les adore pas, mais ils ont un certain sens de la dignité, semble-t-il). 

19.10.17

HERVÉ PRUDON VIVANT

            SPLENDIDE HURLUBERLU

         Foin des larmes et du deuil, j’évoquerai le clown magnifique qu’était Hervé Prudon. Un matin, dans les années 80, on avait rencard chez lui, à Port-Royal près du PUC — je ne sais plus pourquoi, peut-être qu’on devait passer à Cosmo, ou écrire un article ensemble pour ces dames, ça nous arrivait. Ou encore il fallait qu’il me refile une nouvelle pour Acte Gratuit, la revue littéraire et graphique gratuite qu’on bricolait à l’époque avec ma bande, financée par des annonces de coiffeuses et de restaurants. Hervé se levait toujours assez tôt, il en était à la page 70 de Banquise, Fayard Noir, et quand il travaillait sur quelque chose qui lui tenait à cœur, comme ce récit noir de chez noir sur la banlieue, un de ses thèmes favoris avant l’heure (il y avait grandi) — il était assez sérieux.
         Oui, mais dès mon arrivée, changement de programme, il avait l’œil trop vague pour passer à la Concorde chez notre vache à lait magazine féminin de la rue Royale, ne parlons pas d’écrire un article, il ne savait plus du tout où était la nouvelle — l’haleine chargée. Ce jour-là, il n’était pas spécialement fier, sa femme lui avait passé un savon au réveil avant d’aller au boulot, ses souvenirs de la veille étaient brumeux, ses remords accablants quoiqu’incertains, il était plus Blondin  que nature.
         Au bout d’un litre de café, Hervé recommençait à reprendre forme humaine et j’avais mis une croix sur les tâches communes de la journée, visiblement plus du tout à l’ordre du jour. Devenu à peu près cohérent, il entreprit de me raconter la soirée de la veille. Il avait échoué dans un bouge de Montparnasse, du genre qui n’existe plus dans un Paris défolié par les politiques urbaines d’un pouvoir qui fait la guerre à son peuple : Le Boucanier, rue Vavin. C’était un repaire pour les épaves du quartier, puisqu’il restait même là-bas des vestiges de quartier à l’époque — ceux qui n’avaient pas les moyens de se payer Le Rosebud, Le Dôme, ou La Coupole. Je connaissais. Ma dérive parisienne extensive de ces années-là m’y avait mené quelquefois en fin de parcours — Le Boucanier, c’était le bout de la route. Le décor était plus ou moins pirate, drapeau noir à crâne et tibias croisés, portrait de Barbe-Noire, cartes de l’Île de la Tortue — au mur, longues vues et sabres d’abordage croisés. C’était tenu par un Américain de la Grande Époque post-Hemingway, un grand balaise au physique de videur, qui parlait le français avec un accent à couper au coutelas, comme la fumée dans son antre. Le tenancier n’avait pas qu’un physique de videur, il en avait aussi les habitudes, combien de consommateurs n’avaient-ils pas atterri sur le trottoir en vol plané pour lui avoir déplu — revenant le lendemain penauds, demandant grâce, payant finalement leur ardoise. Je ne me souviens plus de ce qu’on buvait dans ce trou, du rhum certainement, pirate oblige. Bref, évidemment, Hervé en avait fait un de ses points de chute, il adorait l’atmosphère de déchéance. Comme c’était une éponge à ses heures perdues, et que, commençant à picoler, il ne s’arrêtait plus, il avait du commander 22 rhums et 12 bières. Le moment fatidique de l’addition venu, il n’avait pas un rond pour payer sa débauche, se souvenant à peine de son nom et d’où il habitait. Alors, et c’était ce qui le perturbait ce matin-là, le grand balaise amerlock lui avait, dans la tradition western, enlevé ses pompes et dit : Si tu veux revoir tes godasses, tu reviens me payer demain. Il était rentré chez lui en chaussettes, sa femme n’avait pas du tout apprécié la galéjade. Il me demandait de l’accompagner dans le bouge, plus tard dans la journée (Le Boucanier ouvrait assez tard dans l’après-midi, voire en début de soirée, c’était un rade de noctambules) pour récupérer ses chaussures. Sa femme, quoique furieuse, lui avait prêté de quoi le faire. Nous étions donc allés ensemble racheter les pompes beaucoup plus tard. L’Amerlock s’était abstenu de tout commentaire — on avait payé l’addition.
         Hervé, quand il était sobre, était brillant, incisif, percutant, et rien absolument rien, n’échappait à son intelligence d’une vivacité extrême. Il avait un sens de l’humour exceptionnel. Il me chambrait souvent, toujours avec justesse : Tu veux qu’elles rêvent toutes de toi, sois raisonnable !… Ta gueule, lui répondais je, tu ne vaux pas mieux que moi !…, (Ce dont j’avais des preuves que ma discrétion post-mortem m’interdit de divulguer). C’est ce que les greluches de Cosmo adoraient chez lui. Je me souviens d’un article à pisser de rire pour leur canard de minettes et rombières, qui commençait par : J’ai envie que tu te couches à mes pieds et ronronne comme une chatte en chaleur, baisse un peu l’abat-jour, mais je te dis : et si on allait manger chez ta mère dimanche ?
         Ensuite, il eut une période — réprouvée par sa mère — de dérive intensive, où il tenait ses quartiers dans une piaule de bonne à Boulogne-Billancourt et fréquentait la future mère de ses enfants, qu’il appelait à l’époque La Blonde. Ils avaient l’air de s’aimer, mais se crêpaient souvent le chignon. Ce qu’Hervé, avec son sens de la formule résuma ainsi, dans Sainte-Extase encore, je crois : La Blonde et moi avons le secret pour transformer une soirée romantique en Nuits des Longs Couteaux…
         À ce moment-là, Hervé était le nègre d’un animateur de télé à dents blanches — plus tard condamné par la Justice Française pour avoir sérieusement mis ses doigts dans le pot de confiture— écrivant ses mémoires, et Hervé était plongé dans un désespoir total parce que celui-ci avait vécu une vie parfaitement sans intérêt, et que chaque fois qu’il trouvait un détail non-conforme à raconter, histoire de mettre un peu de piquant, l’agente de l’animateur lui signalait qu’il n’était pas question d’en parler. À chacune de mes visites dans sa piaule pourrie à Boulogne, il était en pleine dépression : Ce mec est parfaitement lisse, qu’est-ce que je vais bien pouvoir écrire, il n’a rien vécu !…
         Ce qui nous donna finalement un de ses livres les plus drôles : Plume de Nègre, où, même s’il y a sans doute 100 pages de trop, les cent premières sont éblouissantes : intrépide chevalier de la littérature, Hervé part délivrer la princesse du dragon qu’il va découper en rondelles avec son épée d’argent, mais en chemin on lui propose une petite combine, de quoi se faire un peu d’oseille, un truc facile et qui peut rapporter gros. Détourné du Graal pour payer ses factures, notre héros cherche la quadrature du cercle, rêvant de l’exploit et de la princesse.
         Voilà le Prudon dont j’ai envie de me souvenir aujourd’hui. Un mec à mourir de rire, bourré de talent inédit, comme on en rencontre peu dans cette vie de chien.

         TM, octobre 2017.

18.10.17

La mort d'Hervé Prudon


…Verser de l'encre sur les tombes… disait Drieu à propos du deuil de son ami Jacques Rigaut qu'il avait tant maltraité dans La Valise vide, avant de se repentir, alors qu'il était déjà trop tard. Un de nos amis communs vient de m'avertir de la mort de Prudon. Je l'attendais, il y a beau temps déjà que, bien que nous ne soyons pas vus depuis une quinzaine (une vingtaine?) d'années, les nouvelles que j'avais de lui étaient toutes mauvaises — il était malade. Il était malade depuis longtemps. Je l'avais vu, il y a déjà une éternité, à l'hôpital Cochin —cancer du tube digestif. Je l'avais aimé comme un oncle —un des rares écrivains professionnels m'admettant dans son cercle quand j'avais 20 ans et rêvais de publier des romans, avec Limonov, qu'on me reproche tant — un ami de bientôt 40 ans, comme Hervé. À sa manière, Prudon fut un de mes mentors, et comme Limonov, ne cherchait pas à m'apprendre le style, que j'avais sans rien demander à personne, mais le mode de vie — ô combien plus utile !…Je ne lui en serai jamais assez gré. C'est grâce à Prudon que j'eus la chance de travailler à Cosmopolitan, et nourrir ma vie de poète dans ces années de chambres de bonne, et de repas à éclipses, à l'époque où j'avais une faim de loup !… C'est lui qui avait cette combine !… La rédac-chef de l'époque était folle de lui !…
Il fallait bien qu'il se rattrape en journalisme, il s'était fait bannir de l'infâme Libération,  dont les nécrologies d'aujourd'hui prêtent à rire, pour les avoir traité d' aventure fonctionnaire, de bonne conscience baba… de Poulidor du prix Albert Londres !… C'est surtout ce dernier vanne qui n'avait pas plu au Journal Officiel du miterrandisme. Les subventionnés du PS, n'avaient pas trouvé ça drôle.
D'un autre côté, il me confia un jour qu'avec sa première Série Noire en 1978, Mardi-Gris, il avait écrit un roman Libé, ciblant un lectorat répertorié.
Il écrivait de bons romans, et certains très mauvais — quand il avait la flemme et bâclait, travaillant pour l'avance d'un éditeur quelconque — ramier !… Mais même dans ses pires productions, il y avait toujours quelque chose à ramasser. Dans un de ses pires, la première phrase était extraordinaire:  J'étais dans un compartiment fumeurs avec la plus belle fille du monde… Incompréhensible dans le puritanisme protestant(!) à présent de rigueur en Phrance, et la chasse au tabac…
Quand on allait chez lui, blanc-becs, à l'époque de sa première femme, il était d'une générosité frôlant la folle prodigalité. Ceux qui ont vu ça sont ça sont presque tous morts, à l'heure actuelle — cette déchéance.  On aidait Hervé Prudon par tous les moyens, on l'avait publié dans Acte Gratuit, notre journal gratuit des Halles, quand il sortait un nouveau roman. Il était parfois complaisant, pourtant capable d'une fierté superbe, celle de n'avoir pas perdu l'amertume, comme dans La Femme du chercheur d'or (Flammarion), ou La Langue chienne (Série Noire, Gallimard), roman sans concession à l'identification obligatoire, roman prolétaire, ce qui était peut-être sa définition. Contrairement aux pourris du polar gauchiste et post-gauchiste, défenseurs d'opprimés qui n'ont jamais sauté un repas de leur vie. Dans des romans comme Banquise (Fayard Noir) ou Tarzan malade (Éditions des autres), Hervé Prudon démontrait qu'il n'y a rien de noble dans la pauvreté, rien d'agréable, et que la souffrance ne rend pas bon. Un  certain Boukovski ( pas l'Américain, mauvaise copie de Céline,— je parle du Russe dissident, rien à voir) posait la même question sur le peuple, qu'est-ce que je vois, à part la castagne et l'ivrognerie ?… Chez Prudon, ce scepticisme était naturel.
Puis ce fut un frère, quand il accumula les mariages désastreux, et les échecs commerciaux qui sont parfois, chez les auteurs-nés comme Hervé Prudon, synonymes de réussite littéraire. Et c'était sa noblesse de fils du peuple, qui n'avait jamais pu oublier ce détail essentiel, semblable en cela à un autre frère récupéré par les parasites à bonne conscience mièvre (et dents de rongeurs qui raient le parquet) — Hafed Benotman.
Comme je regrette à présent de ne l'avoir pas vu plus souvent, j'ai eu peu d'amis en littérature, Hervé en était un, qui écrivit en 1989, la plus belle critique de mon premier roman Fasciste, percutant du premier coup ce que j'avais fait. Ces lignes sont disponibles dans ces pages aux archives Antifixion.

6.10.17

Michel Quarez, affichiste de génie — ou l'art sans blabla.

L'HEURE DE LA RETRAITE GÉNÉRALE

… Écrivait de Roux à une époque où la colonisation de la vie quotidienne — pourtant déjà dénoncée par tout ce que la culture contenait  de voix authentiques après Hiroshima et Auschwitz —  en était encore aux balbutiements cybernétiques, si loin de la perfection policière contemporaine. Avec son intuition prophétique, celle qui lui fit prédire l'effondrement de l'URSS à la fin du XXe siècle dans La jeune Fille au ballon rouge, cet auteur de génie avançait la théorie gombroviczienne de l'informe, de la jeunesse comme éternité, du sous-jacent comme seule révolte envisageable, la théorie centrifuge, à l'écart des bottes post-hégeliennes des post-marxismes, de l'hégémonie totalitaire des post-structuralismes et leurs déclinaisons morbides, vendues au grand public comme "sciences" fussent-elles humaines, elles qui l'étaient si peu. Ces "théories", néo-catéchisme, donnèrent naissance à un "art" désolant dont la laideur et la nullité se justifiaient par un intellectualisme pseudo-historique qui en était l'argument de vente — en ce sens, comme le dit autrefois un ami très cher, la seule réponse à Beaubourg, c'étaient les obus. Les diverses modes néo-figuratives étaient un marché de niche, désamorcées dès qu'elles étaient conçues.
Et puis !…, L'informe, le spontané, la jeunesse vivaient leur vie sous la bestialité des propagandes. Alors Michel Quarez, affichiste vivant une vie de poète dans une banlieue déshéritée, sans obédience et sans courbettes, attaché au direct, au spontané, sensibilité vive bourrée d'intelligence sans ostentation. Intelligence vive, comme ses couleurs sont vives.
Notre ami Daniel Mallerin donne ci-dessous son interprétation Apollinaire d'un art qui ne se laisse pas emprisonner dans les navrantes homélies de l'époque. 

L'exposition de Michel Quarez  à Galerie Corinne Bonnet...
Cité artisanale, 63 rue Daguerre - 75014 Paris se termine demain, hélas.
Transparent



MICHEL QUAREZ EXPERIENCE – FACE A
Maintenant tu marches dans Paris vers la rue Daguerre, cité saoule de géraniums
C’est là, l’exposition de Michel Quarez
Tu ravales ton vocabulaire pas très clair, tes fétiches distingués, ta pacotille d’artbruti
A la fin tu es las de ce monde ancien
Et tu te jettes sous le bombardement chromatique
Tu penses Jimi Hendrix
Quand tu découvres épinglés, en deux rangées superposées, 26 mini dazibaos comprimés, asphyxiés l’un contre l’autre
Collages acryliques

Ricochets acryliques et cotillons appliqués
Zone hallucinée
Ici, les collages miment la peinture et, là, le pinceau contrefait le crêpage
Une escadrille d’icônes phosphorescentes fond de l’espace wahwah
Sous l’effet larsen, ton cortex imprime l’une après l’autre chaque image
Plic-ploc


Salut, salut
Soleil haïku coupé, découpé, collé, décalé.
Alors, tout  devient simple comme bonjour voisin voisine
Nom d’une Joconde, qu’est-ce que c’est beau !

Ça te cloue le bec,
Ça te troue le cul.
Que pourrais-tu bien dire d’un poème sans le trahir connement ?
T’imagine pas que je vais m’y coller.
Fly by night

La couleur, la couleur !
On n’entend plus que ça, cet écho qui se cogne aux murs
La couleur Hendrix, ses combinaisons syncopées et hypnotiques
Couleur à bords perdus, couleur de muleta, couleur de clown, couleur d’émeute
Mysogine

Alors tout devient simple, trop simple,
Vraie fausse naïveté, tension et provocation,
Calculées, millimétrées
Et le boulot, l’expérience, le hasard, haïku tordu, calligramme inversé
Le signe, la composition et la toise Dada
Il a shooté lapinture, Jimi Quarez
Feuilles volantes et tube fluo
Sans cadre, sans rambarde
Des anti-tableaux
Adieu adieu Pollok
Adieu cocotte,
Adieu Pompidou
Adieu broute-minou
Ailleurs est le chant de l’expérience, le champ du signe.
Là, où les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
La rue, l’art rut
Une expo, un OUPOMU
(Ouvroir de poésie murale)
Une galéjade radicale.
Palissade Villeneuve-St-Georges