19.5.15

"Fasciste" de Thierry Marignac, réédité chez Hélios Noir

27 ans après l'édition originale… le retour du livre culte, en librairie le 6 juin,
préfacé par Pierric Guittaut.
 Il y a une éternité et demie, quelque temps après la première publication de Fasciste chez Payot, et les réactions pavloviennes qu'elle suscita de droite à gauche, Hervé Prudon écrivit ce texte pour un petit livre admirable, dans la superbe collection compact-livres des éditions du Dernier Terrain Vague. Fasciste, depuis, a suscité bien des commentaires, bien des jugements, des calomnies en coulisse et des silences entendus,  lors de sa parution en grand format, lors de son édition poche l'année suivante chez Presses-Pocket, qui connut un certain succès de librairie — et pendant le quart de siècle écoulé. Un certain nombre de critiques élogieuses, aussi. À l'époque, une des plus précises et des plus amicales fut celle d'Hervé Prudon, un des rares — au-delà des catéchismes utilitaires et "engagés" (par qui?) —  à comprendre ce qu'est un roman.  
Où diable sois-tu, vieux camarade, Salut et Fraternité.



"L.A Woman des Doors, 22 heures, j'ai lu ton livre. Une nuit du 8 au 9, insomniaque convaincu. Impossible d'en parler, ne pas en parler. Tu vas me dire baba au rhum et forçat des douceurs mais il y a dans ton bouquin des remakes de Kerouac et des poèmes lyriques. La quatrième est à chier et le titre impossible. Mais comment a-t-on pu le lire autrement qu'un désarroi qui cherche l'exaltation ? La connaissance des milieux fascistes de même que la parfaite construction du livre ne peuvent déranger. Ce qui dérange c'est le style, il colle au propos. On l'aurait voulu "distancié" alors que la distance est justement dans l'échec et l'obstination. Un certain ennui qui naît de l'uniformité, un uniforme qui naît de l'ennui. Un dressage pour tous autant être le chien de tête. Une bêtise à front intelligent. Un reflet, donc,  de la société, foncièrement bête et dotée d'une intelligence de pointe. Cet impouvoir à ne pas maîtriser les outils. C'est pourquoi Fontevrault recommence à la base, par le corps, l'arme simple. J'exprime mal le plaisir que j'ai eu à lire ton premier livre. Tu abordes des sujets qui me concernent : L'Europe et l'Occident. Je suis plus proche d'un Polonais, un Russe, que d'un gars de l'Ohio ou de Melbourne. Et Paris qui ne sait plus si elle doit être Venise ou Manhattan. Tu n'es pas provocateur, heureusement, tu t'en fous, tu es juste exigeant. C'est-à-dire sur la mauvaise route. Continue. Amitié"

Hervé Prudon, Sainte-Extase, éditions du Dernier Terrain Vague, collection compact-livres, 1989.



Édouard Limonov, sur lequel, en son temps (1988), ce livre a eu une influence non négligeable, me répondit ainsi, lorsque je lui annonçai la troisième édition du roman maudit :

"Поздравляю тебя,Тьерри, с 3-им изданием твоей проклятой книги.
C'est deja entre dans l'Histoire!"
Edouard

"Je te félicite, Thierry, pour la troisième édition de ton livre maudit. C'est déjà entré dans l'histoire!"
E.L.

Nous n'avons pas beaucoup de soutien. Mais quand on nous appuie, ça vient des plus brillants auteurs de leur génération: Hervé Prudon, Édouard Limonov, Pierric Guittaut, Christopher Gérard… 

Fasciste, éditions Hélios Noir, 200 p. 8 €.

TM, mai 2015.