31.3.12

Linguistique punk 2 : littérature pour initiés

Vladimir Moysseev des Narcotiques Anonymes de Kiev figurant au ciné, dans une de ses grimaces favorites : le voyou sous tension.

L’écrivain et sa plume.
(Du dictionnaire d’argot Словарь воровского жаргона —Dictionnaire du jargon des voleurs, Folio-Presses, St-Péterbourg, 1999, traduit du russe par TM).

Écrivain est un des mots-clés des pickpockets, recouvrant trois significations : 1.Voleur tranchant les courroies de sac de femme ; 2.Voleur utilisant dans son activité un objet tranchant de taille réduite (lame de rasoir, pièce de monnaie — pièce de cinq kopecks affutée, etc). 3.Objet tranchant de taille réduite utilisé pour voler dans les poches.
         Curieusement, le tatouage représentant un chroniqueur en train d’écrire, signale également un pickpoket. En argot, écrire, c’est : « Trancher, taillader », écrivailler, « Pratiquer une castration » (…).
         L’idiotisme écrire, s’est formé sur l’argotisme du début du XXé siècle plume, c’est à dire : « Poignard, couteau ». L’apparition de ce mot vient soit de la métaphore (la plume d’oiseau évoque la forme d’un couteau ou d’un poignard) soit par métonymie, soit par recoupement, stylet — plume. (…)
         Le mot écrivain, très employé en argot, l’est très peu en littérature. Cependant, dans la fiction décrivant le monde criminel on rencontre souvent l’argotisme  plume,  exemple : « Cache-moi cette plume, espèce de sangsue ! » (P. Poliak, Cantique de la crasse). (…)